Au programme : Nicolas Sarkozy

Et voici le dernier projet décortiqué dans la série Au programme, celui du candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy.

Le président anti-austérité confirme son retournement de veste et annonce le déficit zéro dès 2016 et à 3 % dès 2013 (propositions nos 3 et 27), comme François Hollande, point à point (sauf un plus vague « en fin de mandat » de Hollande, le mandat s’achevant en 2017 et non 2016, qui suggère que Sarkozy est encore plus volontariste, plutôt une différence de caractère pour un même projet). Aucun ne comprend la nécessité du déficit public, tout deux semblent profondément accrochés à un pourtant impossible déficit zéro. L’UMP est totalement aux mains des libéraux rejetant toute la faute de la sous-activité sur les plus faibles, comme si l’austérité n’avait aucune conséquence sur cette activité, que les jeunes Grecs s’inoculant le sida pour toucher un revenu n’étaient que de simples tire-au-flanc. Mais non, ils doivent accepter de travailler pour une bouché de pain toujours plus petite, point final, comme l’illustre la proposition n° 7, obligeant à 7 heures de travaux d’intérêt général hebdomadaires les bénéficiaires du RSA. Il n’y a pas que Poutou et Arthaud pour mettre tout le monde dans un kolkhoze à force de refuser le déficit, c’est aussi ce vers quoi Sarkozy s’oriente, progressivement…

La semi-solution par défaut des exportations est la proposition n° 12 :

Exiger la réciprocité dans les échanges commerciaux entre l’Europe et le reste du monde. Si les négociations n’ont pas abouti d’ici un an, la France réservera ses marchés publics aux seules entreprises européennes, jusqu’à ce qu’un accord soit trouvé.

C’est un des points les plus spécieux du programme. En plus d’être trop timide (la concurrence déloyale va bien au-delà des seuls marchés public) et d’être floue et lente (c’est un protectionnisme réactif et non préventif), la réciprocité exclut les autres membres de l’Union Européenne, à commencer par les pays de l’Est où on délocalise aussi, et les négociations ne seront pas incitatives du tout : aucun membre de l’Union Européenne n’a réellement intérêt à faire progresser le dossier puisqu’il a toujours accès aux marchés publics français, quant au reste du monde, on ne les voit pas du tout pousser ces pays membre à adopter de tels restrictions eux aussi. L’amélioration proposée est donc infinitésimale.

En général, le quinquennat de Sarkozy a prouvé qu’il n’était pas un leader européen autre qu’énergique : il n’a pas de vision alternative à offrir, et se couche devant son idéologie lorsqu’elle lui résiste trop, comme sur l’austérité. Cela présage très mal de la suite.

Nicolas Sarkozy, l’autre grand favori sondagier, est donc du point de vue néochartaliste au même niveau que Hollande, c’est-à-dire déjà très bas, et peut-être même un peu en-dessous encore, le flou artistique de Hollande invitant au bénéfice du doute…

À très bientôt pour les conclusions de la série Au programme.

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Classé dans Élections Présidentielles de 2012

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