Au programme : Nicolas Dupont-Aignan

J’avais déjà traité Nicolas Dupont-Aignan lors de son passage à On n’est pas couché, et ce billet pour la série Au programme confirme la première impression.

Dans son projet, le candidat du parti Debout la République Dupont-Aignan propose lui aussi la sortie de l’euro en faveur d’un retour à l’ECU du Système Monétaire Européen l’ayant précédé, ou quelque chose d’approchant (proposition 6). C’est une bonne proposition : Le fait que la monnaie européenne ne soit qu’un panier de monnaies nationales permet à chaque État membre de réajuster son taux de change en fonction des priorités monétaires et fiscales qui lui sont propres ; bien qu’un tel système ne soit probablement pas suffisamment flexible encore pour une politique pleinement néochartaliste, c’est bien cela vers lequel il tend, et avec un bond déjà très significatif comme le montre les croissances respectives de la période avec euro et des décennies l’ayant précédé.

Là où il diverge explicitement, c’est sur l’équilibre budgétaire : très explicitement, Nicolas Dupont-Aignan souhaite « financer toutes ses mesures par les recettes générées par le retour de l’activité économique, qui sera facilité par la sortie de l’euro, le protectionnisme intelligent et la baisse des charges » (proposition 14). C’est la sempiternelle impasse du salut par l’exportation qui n’aboutit qu’à nous faire travailler pour la prospérité des États étrangers plutôt que du nôtre. Mais ne le condamnons pas précipitamment. En effet, Dupont-Aignan propose un budget « mieux » équilibré, c’est-à-dire pas nécessairement pleinement à l’équilibre, et souhaite limiter la codécision de la création monétaire au Trésor et à la Banque de France, via des crédits à 0 % (abrogation de la loi de 1973 ; proposition 7), en évinçant donc les banques commerciales si parasitaires et nocives dans les décision de financement de l’État. On pourra donc attendre potentiellement éternellement que « le retour de l’activité économique » finance le budget de l’État, mais n’ayant pas complétement les idées au clair, les décideurs politiques risquent de bêtement précipiter le mouvement en faisant de l’austérité, avant de relâcher la pression aussitôt qu’il constate l’affaiblissement de l’économie. Sur le long terme, ce petit garrot lancinant peut coûter très cher. Pourtant, le besoin de financement de l’économie à déficit public continu est un fait. L’idée que Nicolas Dupont-Aignan croit très naïvement que les États étrangers ne se financent pas par déficit est démontré par sa proposition nos 8 et 30 et plus encore ses appels à un « protectionnisme intelligent ». Bref, il suffirait que tout le monde travaille pour que tout le monde passe naturellement du troc au marché.

Nicolas Dupont-Aignan est un candidat crédible, et parmi ce qui se fait de plus proche du néochartalisme parmi les dix candidats. Même en tenant compte de ses approximations sur le commerce international, la mise en œuvre d’un tel projet serait une grande amélioration par rapport à la situation présente. 2narque ayant sacrifié lui aussi ce qui s’annonçait comme une belle carrière au sein de l’UMP et n’ayant que peu varié sur ses positions depuis de nombreuses années, il est éminemment crédible lorsqu’il affirme vouloir accomplir ce projet. C’est sur des sujets annexes, comme la politique étrangère ou sa personnalité, qu’on peut vraiment le départager d’un Jacques Cheminade.

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Classé dans Élections Présidentielles de 2012

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