La stupéfiante franchise de Marc Fiorentino

Lors d’un entretien entre David Abiker et Marc Fiorentino, financier, ce dernier a prononcé quelques passages intéressants, en particulier celui-ci, qui est presque touchant de naïveté tant il est franc quant à la réalité crue de la finance dérégulée :

C’est-à-dire qu’il y a une crise, pendant trois ans, on fait les bons élèves, et puis trois ans après il y a une nouvelle bulle qui se prépare, et puis c’est là qu’on gagne de l’argent. Pendant la phase où on joue les bons élèves et on fait de l’éthique, la finance ne gagne plus beaucoup d’argent. Comme elle ne gagne plus d’argent, elle licencie. Elle fait pas de profit et donc au bout de trois ans, elle a compris que c’était pas la bonne voie. « Greed is good » (La cupidité est bonne.) restera toujours la règle, c’est-à-dire que ce qu’on peut faire c’est, de temps en temps, briser la finance, comme on est en train de le faire parce qu’elle est allée trop loin et petit à petit la finance reprend ses droits. Puis il faut la briser à nouveau parce qu’elle est allée trop loin. En fait la finance c’est un peu comme l’industrie de l’armement. L’industrie de l’armement, il faut que de temps en temps il y ait une guerre. La finance, s’il n’y a pas de bulle, il n’y a pas de finance. C’est-à-dire que l’industrie de l’armement se nourrit de la guerre, l’industrie de la finance se nourrit des bulles.

C’est bon à savoir pour le reste de l’économie, ceux qui forment le (très) gros des victimes des bulles. À lire et à relire.
Marc Fiorentino nous précise encore que le défaut qu’il n’a pas, c’est la langue de bois, et qu’elle est très répandue chez les financiers. On le croit volontiers.

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15 réponses à “La stupéfiante franchise de Marc Fiorentino

  1. Ce que dit Fiorantino me semble faux quand il affirme que la finance ne peut gagner de l’argent qu’en faisant des bulles. Il me semble qu’il suffit qu’il y ait des fluctuations, à la hausse et à la baisse, suffisantes sur les marchés, sans pour autant créer de bulles, c’est à dire que la moyenne des fluctuations restant fidèle au marché.
    C’est comme l’énergie des vagues, pas besoin que le niveau de la mer monte pour qu’on puisse la récupérer.

  2. Ce n’est pas exactement ce que dit Fiorentino. Tu caricatures ses propos qui étaient déjà caricaturaux en raison du format d’expression. Il dit très justement que « la finance ne gagne plus beaucoup d’argent », ce qui est vrai. Du temps des trente glorieuses où la finance était très régulée, elle gagnait beaucoup moins. C’est justement parce que ce sont les mouvements des prix qui leur permettent de gagner un maximum que les financiers aiment les bulles : les mouvements sont accrus, donc les profits aussi (potentiellement).

  3. Olivier B. semble d’accord à partir de l’analyse de l’effet de la loi de séparation des banques, d’après le principe qui semble sain:

    1-L’activité de la banque de dépôt, d’intérêt général, bénéficie d’une garantie publique ;
    2-L’activité de la banque d’affaires, qui n’est pas d’intérêt général, et qui ne doit pas bénéficier de la garantie publique – pas plus qu’un boulanger ou un garagiste…
    :
    http://www.les-crises.fr/separation-gouvernemen/

  4. Je crois qu’à peu près tout le monde est pour le retour du Glass-Steagal Act, sauf les financiers. J’en suis, naturellement.

  5. Les capitaux fuient de plus en plus hors de l’Espagne, hors de l’Italie, hors de la Grèce, de l’Irlande, du Portugal.

    Ces cinq pays vont se déclarer en défaut de paiement, les uns après les autres : ce sera l’explosion de ces cinq bombes atomiques.

    Pour mettre à l’abri leurs capitaux, les investisseurs internationaux ont choisi cinq abris antiatomiques. Aujourd’hui, les investisseurs internationaux placent leurs capitaux dans cinq Etats considérés comme résistants et solides : l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, la Finlande et le Luxembourg.

    Nous, Français, sommes surpris de cet afflux de capitaux vers la France. Pourtant, c’est un fait : les investisseurs internationaux considèrent que la France sera un abri antiatomique solide, qui résistera à l’explosion de la zone euro. Ils se précipitent pour acheter les obligations de l’Etat français.

    Lundi 3 décembre 2012, la France a lancé trois emprunts. La France a payé des taux historiquement bas.

    Emprunt à 3 mois : le taux a été négatif : – 0,022 %. Ce taux est en baisse par rapport à la dernière émission à 3 mois : c’était – 0,020 % le 26 novembre.

    Emprunt à 6 mois : le taux a été négatif : – 0,008 %.

    Emprunt à 12 mois : le taux a été de 0,016 %. Ce taux est en baisse par rapport à la dernière émission à 12 mois : c’était 0,019 % le 26 novembre.

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/afp-00482050-la-france-a-emprunte-6-77-mds-eur-a-court-terme-a-des-taux-encore-tres-bas-516780.php

    La dégradation de la France par les agences de notation n’a pas modifié la tendance : les investisseurs internationaux ont continué à se ruer vers les obligations de l’Etat français.

    Mercredi 5 décembre 2012 : taux des obligations à 10 ans : 2 %. Record historique battu. Les taux n’avaient jamais été aussi bas.

    http://www.bloomberg.com/quote/GFRN10:IND

  6. Samedi 8 décembre 2012 :

    Un article très important sur l’Irlande :

    L’Irlande « a besoin de plus de temps » pour rembourser l’argent utilisé pour renflouer ses banques, a réclamé samedi dans la presse allemande le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, Patrick Honohan.

    « Le gouvernement essaie de regagner la confiance des marchés financiers et le plan de remboursement actuel complique cela », a estimé M. Honohan, dans un entretien au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.

    L’Irlande, dont les banques avaient été durement frappées par la crise financière, avait dû demander fin 2010 une aide à l’Union européenne, à la Banque centrale européenne (BCE) et au FMI.

    Ce plan de sauvetage prévoyait 85 milliards d’euros d’aides sur trois ans en échange de la mise en oeuvre de douloureuses mesures d’austérité.

    Plus de 30 milliards d’euros ont été prévus pour renflouer les banques en difficultés Anglo Irish Bank et Irish Nationwide Building Society (INBS), nationalisées puis fusionnées.

    « Cet argent sera assurément remboursé, mais cela doit s’opérer sur une période plus longue », a affirmé M. Honohan.

    Interrogé sur le délai supplémentaire nécessaire pour rembourser, le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande a plaidé pour la recherche d’une « solution durable », qui n’aurait pas à être de nouveau modifiée par la suite.

    « En conséquence, le délai de remboursement devrait être considérablement allongé », a-t-il ajouté, sans donner aucune autre précision.

    http://www.boursorama.com/actualites/l-irlande-a-besoin-de-plus-de-temps-pour-rembourser-d6283fc6783fb9654f3eab584245a0d8

    En clair, l’Irlande dit à ses créanciers :

    « Je suis en faillite. Vous m’avez prêté 85 milliards d’euros. Je vous remercie pour ce prêt. Je ne peux pas vous rembourser comme c’était prévu, mais ce n’est pas grave. Je vous rembourserai plus tard. Le délai de remboursement sera considérablement allongé. De toute façon, si vous n’êtes pas contents, c’est pareil. »

  7. Nous avions oublié la faillite de l’Irlande, mais l’Irlande vient de refaire parler d’elle.

    Comme la Grèce, l’Irlande vient d’annoncer qu’elle sera elle-aussi incapable de rembourser les 85 milliards d’euros du plan de sauvetage.

    L’Irlande « a besoin de plus de temps » pour rembourser l’argent utilisé pour renflouer ses banques, a réclamé samedi dans la presse allemande le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, Patrick Honohan.

    Interrogé sur le délai supplémentaire nécessaire pour rembourser, le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande a plaidé pour la recherche d’une « solution durable », qui n’aurait pas à être de nouveau modifiée par la suite.

    « En conséquence, le délai de remboursement devrait être considérablement allongé », a-t-il ajouté, sans donner aucune autre précision.

    http://www.boursorama.com/actualites/l-irlande-a-besoin-de-plus-de-temps-pour-rembourser-d6283fc6783fb9654f3eab584245a0d8

    Depuis le 27 novembre 2012, nous savions que les soi-disant « plans de sauvetage » de la Grèce étaient UN ECHEC TOTAL.

    Nous savions que les soi-disant « plans de sauvetage » de la Grèce allaient coûter des milliards d’euros aux contribuables français.

    Et aujourd’hui, nous venons d’apprendre que le soi-disant « plan de sauvetage » de l’Irlande est lui-aussi UN ECHEC TOTAL.

    L’Irlande est en faillite. L’Irlande est incapable de rembourser quoi que ce soit.

    La question est donc :

    Combien de milliards d’euros ce défaut de paiement de l’Irlande va-t-il coûter aux contribuables français ?

  8. Au choix : les yeux de la tête si c’est « financé » par l’austérité. Rien, si on comprend que la monnaie doit-être créée et que la dette est une mauvaise technique pour cela.

  9. La finance a toujours fonctionné sous forme de cycles avec formation et éclatement de bulles (cf la célèbre bulle des tulipes en 1634).
    Ce phénomène a été très bien théorisé dans « Le commerce des promesses » de Pierre-Noel Giraud

    Il n’y a rien d’extraordinaire dans ce que dit Marc Fiorentino. C’est le contraire (« Nous allons tout réguler, il n’y aura plus de crise demain ») qui serait stupéfiant.
    Cela rappelle « La fin de l’Histoire » de Fukuyama ou « Cette fois, c’est différent » de Reinhart & Al.
    Mais l’Histoire n’est pas terminée et il y aura une prochaine fois….

  10. Mardi 11 décembre 2012 :

    Comment la Grèce efface 20 milliards de dette comme par magie.

    Afin de rendre soutenable la charge de sa dette, la Grèce a racheté un gros paquet de ses propres obligations aux investisseurs privés qui les détenaient. Et comme elle n’avait pas d’argent pour le faire, c’est l’Europe qui a avancé la somme. Explications :

    http://lexpansion.lexpress.fr/economie/comment-la-grece-efface-20-milliards-de-dette-comme-par-magie_364559.html

    Dialogue entre les contribuables européens et la Grèce :

    Les contribuables européens : – Bonjour, la Grèce. Tu vas bien ?

    La Grèce : – Tout va bien. La magie continue.

    Les contribuables européens : – Quelle magie ?

    La Grèce : – Ben, il faut que je rembourse mes 300,807 milliards d’euros de dette. Mais comme je suis incapable de rembourser, c’est vous qui allez payer. C’est ça, la magie.

    Les contribuables européens : – Mais … mais … mais nous aussi, nous sommes surendettés.

    La Grèce : – Oui, mais moi, je suis ultra-hyper-mega-endettée. Tandis que vous, vous êtes seulement surendettés. Donc il reste de la marge.

    Les contribuables européens : – Et nous, quand nous serons devenus ultra-hyper-mega-endettés, qu’est-ce qui va nous arriver ?

    La Grèce : – Rien : il ne peut rien vous arriver. L’euro vous protège.

    Les contribuables européens : – Ah oui, c’est vrai. L’euro nous protège. Et l’euro nous enrichit.

    La Grèce : – L’euro nous enrichit tous. C’est ça, la magie de Noël. Joyeux Noël, les contribuables européens.

    Les contribuables européens : – L’euro nous protège. L’euro nous enrichit tous. Joyeux Noël, la Grèce.

  11. Jeudi 13 décembre 2012 :

    Accord trouvé au sein de l’UE pour contrôler les banques.

    Après 14 heures de discussions, les 27 Etats de l’UE sont parvenus dans la nuit de mercredi à jeudi à Bruxelles à un accord unanime sur la supervision unique des banques de la zone euro. Le commissaire européen chargé des Services financiers, Michel Barnier, parle d’un « grand premier pas vers l’union bancaire ».

    Selon l’accord conclu jeudi, les banques qui présentent plus de 30 milliards d’euros d’actifs, qui pèsent plus de 20% du produit intérieur brut du pays d’origine (sauf si leurs actifs sont inférieurs à 5 milliards d’euros), ou qui bénéficient d’un programme d’aide européen, seront supervisées directement par la BCE.

    Les autres établissements resteront surveillés par leur superviseur national, la BCE pouvant, à tout moment, reprendre la main si elle le juge nécessaire. Au total, le ministre français Pierre Moscovici a estimé le nombre de banques supervisées directement par la BCE entre 150 et 200.

    http://www.romandie.com/news/n/Accord_trouve_au_sein_de_l_UE_pour_controler_les_banques15131220120733.asp

    La Banque Centrale Européenne a dans ses livres 209 milliards d’euros d’actifs pourris.

    Déjà, le 16 décembre 2010, les contribuables de la zone euro avaient été obligés de recapitaliser la Banque Centrale Européenne : les contribuables de la zone euro avaient été obligés de payer 5 milliards d’euros pour recapitaliser en urgence la BCE.

    La Banque Centrale Européenne a dans ses livres 209 milliards d’euros d’actifs pourris, et elle a un capital de 10,76 milliards d’euros.

    La Banque Centrale Européenne est devenue la pire « bad bank » du monde.

    La Banque Centrale Européenne est devenue une gigantesque fosse à purin.

    Et c’est la Banque Centrale Européenne qui va superviser les banques privées ?

    C’est une blague ?

    Non, franchement, c’est une blague ?

  12. Une idéologie prise avec le dernier sérieux ressemble effectivement à une blague tant elle est absurde. Mes salutations.

  13. Portugal :

    Le Portugal s’enfonce dans la récession au troisième trimestre : – 3,5 % en glissement annuel.

    C’est un peu plus que prévu. Le produit intérieur brut (PIB) du Portugal a reculé de 0,9 % au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, et de 3,5 % en glissement annuel, a annoncé vendredi 7 décembre l’Institut national des statistiques (INE). L’approfondissement de la récession au troisième trimestre est le « résultat de la réduction moins accentuée des importations de biens et services et du ralentissement des exportations », a expliqué l’office statistique portugais dans un communiqué.

    Irlande :

    L’Irlande ne peut pas rembourser les 85 milliards d’euros du plan de sauvetage.

    L’Irlande « a besoin de plus de temps » pour rembourser l’argent utilisé pour renflouer ses banques, a réclamé samedi 8 décembre dans la presse allemande le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande, Patrick Honohan. Interrogé sur le délai supplémentaire nécessaire pour rembourser, le gouverneur de la Banque centrale d’Irlande a plaidé pour la recherche d’une « solution durable », qui n’aurait pas à être de nouveau modifiée par la suite. « En conséquence, le délai de remboursement devrait être considérablement allongé », a-t-il ajouté, sans donner aucune autre précision.

    Chypre :

    Chypre risque le défaut de paiement d’ici quelques jours.

    Chypre risque de ne pas pouvoir rembourser des prêts dus en décembre et verser les salaires des fonctionnaires si un accord sur un plan de sauvetage n’est pas conclu rapidement avec la troïka des bailleurs de fonds, a indiqué un responsable gouvernemental lundi 17 décembre. « Si dans les jours à venir, l’Etat ne peut pas obtenir 250 à 300 millions d’euros, alors l’Etat cessera d’honorer des paiements », a déclaré un dirigeant du ministère des Finances, Christos Patsalides, à un comité parlementaire.

    Grèce :

    On va encore prêter des dizaines de milliards d’euros à la Grèce … alors que la Grèce est incapable de rembourser quoi que ce soit.

    Le versement d’une nouvelle tranche de 34,3 milliards d’euros d’un prêt de l’Union européenne (UE) et du FMI à la Grèce sera achevé mercredi 19 décembre, a annoncé un responsable grec juste après le paiement d’une première partie de la somme. Après l’échec de plusieurs réunions, la zone euro s’est enfin mise d’accord jeudi dernier pour débloquer cette aide financière à la Grèce gelée depuis des mois, et lui éviter ainsi de sombrer dans la faillite.

    Espagne :

    La dette publique a explosé.

    Le gouvernement espagnol prévoit que la dette publique atteindra 85,3% du PIB à la fin de l’année, contre 69,3% à la fin 2011, largement au-dessus de la limite fixée par le Pacte de stabilité de l’UE (60%). Cette prévision ne tient pas compte du prêt européen aux banques espagnoles, dont le premier volet de 37,5 milliards d’euros est attendu dans les prochains jours.

    Italie :

    La dette publique a explosé.

    De son côté, la dette de l’Italie a franchi en octobre pour la première fois le cap symbolique des 2.000 milliards d’euros, selon un document publié vendredi 14 décembre par la banque centrale italienne. La dette de l’Italie s’est établie à 2.014,693 milliards d’euros en octobre 2012, contre 1.995,143 milliards d’euros en septembre 2012, selon un supplément au bulletin mensuel statistique de la Banca d’Italia.

    http://www.boursorama.com/actualites/les-dettes-de-l-espagne-et-de-l-italie-franchissent-des-records-b63747bd59db2a4c3ba47ff748358671

    Conclusion :

    En zone euro, la crise est finie.

  14. Lyonnais

    Bjr.Le 7 mai 2013 la France sera attaquée par la finance…!!!

  15. Pingback: Je ne sais pas ce que signifie « une bulle » (Eugène Fama, Nobel d’économie 2013) | Frapper monnaie

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