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Association des néochartalistes francophones

Bonjour à tous,

La chose me fut déjà demandée par le passé, et je n’ai que trop tardé. En effet, j’ai croisé un certain nombre de personnes avec des talents très différents, des miens comme de chacun des leurs, et, trop timide sans doute, j’ai hésité à fédérer toutes ces énergies qui passaient par moi. Mieux vaut tard que jamais, et afin de dynamiser le néochartalisme en langue française, je lance son association officielle. Comme elle a vocation à dynamiser et fédérer, elle doit être la plus souple, accueillante et efficace possible.

Voici ma proposition de statut d’association loi 1901 :

Vision :

L’association promeut la meilleure compréhension possible de la monnaie le plus largement auprès de tous les divers publics, grâce au courant de pensée néochartaliste.

Fonctionnement :

Projets. Chaque membre de l’association peut lancer un projet en accord avec la vision de l’association. Pour cela, il lui suffit 1) de préciser par avance son projet, en détaillant tout ce qui pourrait être utile, 2) d’attribuer son projet respectivement à sa personne, ses collaborateurs et l’association 3) de ne pas faire l’unanimité du reste de l’association contre ce projet.

Communication interne à l’association. L’association dispose d’une communication interne centralisée permettant à tous les membres de s’identifier et de communiquer à tous, par exemple une liste de publipostage électronique, un groupe secret de réseau social, etc.. Chaque membre de l’association dispose d’exactement un identifiant pour la communication interne, dans notre exemple une adresse électronique. Tout ce qui concerne l’association et la poursuite de sa vision doit y être publié au su de tous. La communication des projets doit donc au moins en partie se faire via la communication interne (annonce, choix des collaborateurs, compte-rendus, etc.).

Évolution des statuts. Sur proposition officielle d’un membre, une évolution des statuts peut être soumise au vote. Pour une meilleure clarté, la proposition reproduira l’intégralité des statuts et mettra l’emphase (par exemple en gras) sur les différences. Si elle recueille l’approbation de la majorité qualifiée, elle est validée définitivement avec enregistrement de sa date de vote et des résultats du vote et devient les nouveaux statuts de l’association.

Vote. Chaque membre a un droit de vote à hauteur d’exactement une voix. Pour être validée, une des propositions d’un vote doit recueillir au minimum la moitié des membres plus une voix. Une abstention et des votes négatifs totalisant la moitié des membres rejettent donc la proposition ayant récolté un tel résultat. Plusieurs votes peuvent toujours être menés simultanément pourvu que chaque votant au sein de la communication interne distingue bien chacun de ses votes. Rien n’est secret lors des votes. Par unanimité, il est compris neuf membres ou plus sur dix de l’association ; par majorité qualifiée, les deux tiers ou plus de l’association. Un vote à majorité qualifiée ou à l’unanimité doit être annoncé au moins une semaine à l’avance, avec sa ou ses propositions complètes, son ouverture et sa fermeture de vote. Un membre peut solliciter un vote sur tout sujet qu’il juge nécessaire, ne serait-ce que pour s’assurer d’une certaine légitimité de son action par rapport au reste du groupe.

Membre. Peut devenir membre toute personne participant à un projet de l’association. Chaque membre donne son identité réelle à tous les autres membres, mais peut éventuellement demander l’anonymat ou le pseudonymat à l’extérieur de l’association. Afin de garder l’association dynamique et vivante, tout membre n’ayant travaillé à aucun projet depuis plus d’un an cesse d’être membre. Un membre peut signifier par communication interne son désir de ne plus être membre ; il est alors radié, mais peut être réintégré comme tout nouveau membre.

Bonne foi. Les présents statuts ne doivent pas faire illusion : c’est la bonne foi des membres qui préside à l’édification de l’association, c’est elle qui la rendra toujours plus vivante et dynamique, et c’est surtout elle qui rendra plaisant d’y œuvrer. Aussi, les règles servent surtout à mettre des mots sur un esprit que les membres cherchent à partager au sein de l’association. Si, par exemple, un membre a commencé un projet sans en avertir les autres, parce que les circonstances ne lui permettaient pas d’attendre (ex. : contact précieux croisé de manière exceptionnelle) et qu’il jugeait que cela ferait avancer la vision de l’association, et n’avertit l’association qu’ensuite, il est parfaitement concevable que les membres passent outre les règles et valident sa démarche quand même. Pour cela, une simple absence de réaction négative suffit ; cependant, s’il y a des réactions négatives, un vote peut forcer le membre contrevenant à revenir aux accords communs, en particulier aux statuts, même s’il s’estime sincère. La souplesse n’est pas le laisser-aller.
Réciproquement, même si la lettre des statuts est respectée, si un membre fait l’unanimité contre lui sur un point, il doit s’ajuster sur ce point et privilégier un minimum de bonne entente.

Garant et exclusion. Des membres ne parvenant pas à résoudre leurs désaccords entre eux peuvent solliciter la médiation du garant pour aider à surmonter ces frictions si humaines, en vue d’une conciliation pour le meilleur de chacun et de la vision. À intervalle d’un an maximum, un vote a lieu ou chaque membre peut voter pour autant de membres qu’il souhaite, à hauteur d’exactement une voix pour chaque autre membre, afin de désigner un nouveau garant de l’association. Devient le nouveau garant le membre ayant obtenu le plus grand nombre de voix, une majorité des deux tiers, et ayant accepté ce titre. Si personne ne satisfait aux trois conditions, le garant est le précédent titulaire. Le premier garant de l’association est Jean-Baptiste Bersac ; si un garant n’avait pas de successeur, chaque différend pourrait être résolu par un garant intérimaire désigné d’un commun accord par les membres en conflit, ou par un vote d’urgence pour désigner finalement un garant. Il est toujours possible de voter pour désigner un nouveau garant.
Si par malheur, un de ces quelques esprits tordus prenant un plaisir particulièrement vain à empêcher les gens de collaborer entre eux en bonne intelligence et avec le plus de bonheur possible devait s’immiscer dans l’association, l’exclusion d’un membre ne se ferait qu’individuellement, après tentative de conciliation par le garant et à condition qu’il réunisse contre lui soit un vote à l’unanimité, soit la majorité qualifiée plus l’accord du garant. Il s’agit là d’une assurance destinée à ne jamais être utilisée, du moins espérons-le. Un exemple d’une telle personnalité dérangée serait une personne qui passe peu de temps sur quelque projet mais un temps fou à décrier d’autres membres ou à lancer des votes d’exclusion contre eux ; afin d’assainir l’ambiance, il pourrait malheureusement être indispensable d’exclure cette personne. Une personne exclue peut redevenir membre seulement par vote.

Pour ceux que ça intéresse, je me suis librement inspiré de ces nouvelles organisations si efficaces dont parlent Frédéric Laloux, Isaac Getz, et d’autres, qui puisent leurs origines dans des pionniers aussi divers que Jean-François Zobrist, la sociocratie ou du professeur Clare Graves… [Édition du 27 février : Un reportage sur ces entreprises est diffusé par Arte.]

Ces statuts, et jusqu’au nom de l’association sont à finaliser avec ceux qui accepteront de la lancer avec moi (je prendrai les premiers frais à ma charge, jusqu’à quelques centaines d’euros, après nous verrons…). L’idée demeure néanmoins d’avoir la structure la plus souple et dynamique possible. Je ne me sens aucune vocation pour être un de ces présidents à vie d’association qu’ils ont fondées, qui ne les dépassent guère, et qui meurent avec eux. Si la vitalité de l’association dépassait mes capacités, ce serait formidable…
Ensuite, vive la vie :) !

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Bonne année

À tous,

Une heureuse et prospère année 2014.

Jean-Baptiste

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Enfin publié !

Après de longs mois de rédaction et de démarchage des éditeurs, de demandes parfois impatientes de lecteurs de ce blog, voici enfin le premier livre néochartaliste francophone publié.

1couvDevises

Il contient plus de 400 pleines pages expliquant sous toutes les coutures la monnaie, synthétisant pour moitié des analyses dispersées sur ce blog, et pour une autre moitié des recherches originales, tant statistiques que textuelles, réalisées expressément pour ce livre…

La première partie décortique nos systèmes monétaires actuels (hors euro, qui est trop tordu pour ne pas être abordé qu’ultérieurement). Y est expliqué pourquoi les taux d’intérêts souverains sont si bas et parfaitement sous contrôle, pourquoi le financement des États est illimité, pourquoi dette publique et devise ne sont que les deux faces d’une même pièce,1 pourquoi le crédit privé est incapable de supplanter la devise publique, pourquoi les assouplissements quantitatifs n’ont jamais eu la moindre chance de relancer l’économie et n’en auront jamais, pourquoi le commerce extérieur est incapable de supprimer le besoin de financement public. Le tout directement en prise avec le réel, via quelques articles de lois, des statistiques mises en graphiques (aucun tableau dans le livre), des règles comptables bien concrètes, etc.

La deuxième partie retrace les développements historiques ayant mené à nos systèmes actuels et à leur bizarrerie. La devise existait au moins dès le VIIème siècle avant Jésus-Christ en Europe, et il n’y avait rien de tel qu’un standard métallique, contrairement à la légende commune. Les tentatives d’imposer un tel standard échouèrent, et on retrouve une pensée concevant la monnaie comme une création par institution collective jusque chez Adam Smith. Toutefois, le courant de pensée qu’est le libéralisme se structure et se développe en idéologie incapable de poursuivre cette réflexion et retourne au métallisme. Les démonstrations mathématiques libérales n’ont peu ou pas de rapport avec le réel, mais éliminent résolument l’analyse monétaire, qui est au mieux limitée au seul crédit privé, le reste étant conçu comme du troc. Nos économies s’en développent d’autant plus mal, avec instabilité, dépressions, chômage de masse, etc.
Il faut attendre les chartalistes et Knapp en particulier pour avoir à nouveau une pensée réelle de l’action monétaire de l’État, plutôt qu’un tabou, et qui prédit entre autre l’avènement de la monnaie entièrement papier avec plus de soixante ans d’avance sur les libéraux qui s’entêtent à ne voir dans la monnaie essentiellement que du métal. Comme il n’est pas entendu ni mis à profit, il s’ensuit la mortelle crise des années 1930. Deux pays sont en particulier étudiés : les États-Unis et l’Allemagne avec chacun un graphique pour les variables clés (celui pour l’Allemagne fut le plus éprouvant à créer de tous le livre, les sources pour ce faire étant très discrètes, il fallut chercher dans des sources universitaires uniquement germanophones… Le livre explique pourquoi il y a là un véritable tabou, encore un, pour les libéraux.). Alors arrive le chartaliste John Maynard Keynes, qui donne enfin à l’État des outils conceptuels pour sortir de la crise, en pleine expansion des régimes dictatoriaux et mêmes totalitaires. Il s’ensuit les Trente Glorieuses, qui offrent aux chartalistes la fin du métallisme en 1971, prix à payer pour la prospérité.
Malheureusement, les libéraux regagnent progressivement le terrain perdu, et remettent à l’ordre du jour les mêmes recettes qui connaissent les mêmes échecs. La dynamique idéologique libérale est plus profondément décortiquée encore à cette occasion, avec des auteurs de premier plan comme Hayek. Pour finir, est analysé le système euro, cette devise-dette publique qui essaie de se prendre pour un étalon-or, ainsi que diverses tentatives pathétiques des libéraux de poursuivre leur quête intellectuelle, comme le prix Nobel Lucas expliquant explicitement qu’il introduit des hypothèses irréalistes dans ses réflexions à seule fin de ligoter l’État, par principe libéral. Cette partie traite également de ceux qui ont fait front au raz-de-marée néolibéral comme Minsky poursuivant Keynes sur l’instabilité financière, ou les néochartalistes redécouvrant les Knapp et les autres, ainsi que de prestigieux sympathisants.

La troisième partie tire les leçons des deux précédentes afin de proposer des alternatives concrètes pour améliorer le sort économique de tous. Comment assainir le financement public (depuis le financement actuel jusqu’au financement par création monétaire pure et simple), comment réguler le crédit (du système actuel jusqu’à leur interdiction par le 100 % réserves), comment financer l’économie (stabilisateurs automatiques, employeur en dernier ressort, revenu de base, monnaie complémentaire). Au passage, certaines fausses solutions sont éventées (inflation, défaut souverain, etc.). Il y a en a pour tous les goûts, et ces solutions peuvent être combinées.

En conclusion, un grand rappel de tout ce qui fut démontré dans le livre et quelques informations sidérantes, comme le Nobel Friedman expliquant très naturellement que la monnaie-or était une mythologie et regrettant, en tant que libéral, que le public ne soit plus imbu d’une telle mythologie et ne tétanise plus son État, ou encore le Nobel Samuelson qualifiant le déficit zéro de mythe, de religion ancienne manière, dont la vérité nous rendra libre.

En annexe, traduit pour vous en intégralité l’article de Kalecki prédisant dès 1943 le marasme politico-monétaire actuel où les libéraux désespèrent de ne plus pouvoir encore baisser les taux directeurs. Traduit aussi en intégralité un article de Friedman de 1948, du temps du keynésianisme triomphant, désavouant par avance et à son cœur défendant les grandes tentatives néolibérales d’explication de la monnaie, y compris les siennes ultérieurement ! Y figure également l’ensemble des sources et méthodologies utilisées pour construire les divers graphiques du livre. Afin qu’il n’y ait aucune « mauvaise surprise » façon Reinhart et Rogoff.

4couvDevises

Le livre, intitulé Devise, l’irrésistible émergence de la monnaie, est publié chez les éditions In Libro Veritas (ILV édition), auto-éditeur conseillé par un ami (merci Stéphane) il y a plusieurs mois déjà. J’avais naïvement cru que mon livre serait mieux préparé et défendu par une maison d’édition classique, et qui me faciliterait mes finances, mais après des mois et plusieurs centaines d’euro dépensés en vain pour les démarcher, je regrette seulement de ne pas avoir suivi plus tôt le conseil de mon ami. Le livre est maintenant disponible entre autre sur Amazon ou Gibert Joseph… Si j’ai attendu aujourd’hui pour vous annoncer sa publication datant du 11 de ce mois, c’est parce que je voulais d’abord en tenir un exemplaire entre les mains pour pouvoir vous le recommander en toute certitude.

Devises en main

Salutations à tous,

Jean-Baptiste Bersac


Note :

1. Ainsi, sur ce planisphère, on peut remarquer que les pays les plus endettés en rouge sont aussi les pays les plus riches depuis de nombreuses décennies. Étrange chemin vers la ruine…

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Bonnes fêtes à tous

Je vous souhaite à tous d’excellentes fêtes. Et à moi aussi, car le blog ne revient qu’en janvier. Au revoir.

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Un gros travail

Cela fait un an environ que je tiens ce blog, l’augmente, l’approfondis, etc., et ce afin de faire passer un message en fin de compte assez simple : « N’ayez pas peur de la création monétaire. ». Ne nous cachons pas derrière le crédit, et assumons la monnaie. Ne nous écrions pas « C’est de la planche à billet ! » dès que l’argent venant jusque dans nos poches nous semble un peu trop issu des rotatives d’impression. N’ayons pas l’impression de perdre tout contrôle aussitôt qu’on reconnaît quelques évidences, comme le fait que c’est l’État qui crée la monnaie, et ce avec un potentiel illimité.

La forme du blog fut très pratique au début. Je ne voyais pas très bien ce qui posait problème dans le débat, car j’avais sortais des bibliothèques où j’avais mené beaucoup de recherche, et où ma vision s’était très fortement éloignée de l’atmosphère et de la vision communes. Je pouvais lancer un billet, voir les réactions, réajuster mon propos. Cela m’a aussi inciter à compléter mes recherches sur des points qui, après discussions n’étaient pas encore tout à fait clair (je pense notamment à l’euro). Les discussions étaient sympathiques, mais petit à petit, je me suis mis à buter de plus en plus sur les limites du blog. D’abord, une logique de régularité m’a amené à mélanger aligner les billets, à faire de ce blog une quotidienne, et cela parfois au dépens de la qualité. C’est particulièrement vrai de l’orthographe, où j’ai souvent fait une relecture qu’après avoir publié le billet, et encore. Au pire, on ajoute un post-scriptum, si l’analyse elle-même était trop rapide. Comme le blog est une lecture éclatée, où chacun lit un billet, s’il en a envie, éventuellement d’autres, rarement tous ceux qui sont clés. J’ai du coup entièrement refondu Les Bases, par exemple, pour avoir tout en une page, mais du coup une page beaucoup trop longue par rapport à la longueur normale d’un billet de blog. Finalement, j’aimerais reposter ici un commentaire qui était la conclusion à laquelle j’étais moi-même parvenu :

Merci. N’avez vous pas pensé à rassembler votre travail dans un ouvrage, un peu sur le modèle de ce qu’a fait Berruyer (et sans les erreurs commisses sur les taux courts) ? L’approche analytique que vous défendez est très méconnue en France.

Il se trouve justement que j’ai commencé la rédaction de cet ouvrage, et que c’est un travail colossal. J’ai encore accru mes recherches pour avoir des sources de première main sur les questions que je traite et j’ai lu States Theory of Money de Knapp plutôt que seulement ce qu’en disent les néochartalistes, je viens tout juste de lire une palanquée d’ouvrages par Milton Friedman pour écrire la partie le concernant, etc. Je passe aussi un temps considérable à chercher des données pour illustrer en graphique ce que j’avance lorsque c’est utile, et je continue à travailler le style de mes graphiques (on peut voir un exemplaire de ce travail sur le billet précédent). Enfin, le soin prend du temps : cette fois-ci, pas de mise-à-jour en ligne possible ni de post-scriptum ou de billet suite. J’approche la moitié de l’effort. Mais je préfère ne pas donner de date de publication : ça sortira « quand ce sera prêt ». Côté éditeur ça se présente très bien : le livre m’a été commandé, plutôt que je n’en ai pris l’initiative.

À mesure que j’ai commencé à me plonger dans l’écriture du livre, j’ai délaissé le blog. Il faut dire aussi que la chronique de l’échec annoncé de l’austérité finit par être d’un suspens très lassant. J’essaierai néanmoins d’assurer un billet par semaine minimum à l’avenir, mais je ne pourrai pas reprendre le rythme d’une quotidienne comme je le fis pendant des mois. Le livre est prioritaire. Cela signifie aussi que le billet sera très certainement haut de gamme, et qu’il me permettra de partager l’avancement de mes travaux, plutôt que de traiter un sujet complètement parallèle.

À bientôt,

JBB

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Les taux mexicains (fin de la série)

Et je conclus la série1 avec le Mexique, dixième numéro. Le site de la Banco de México est très bien fait, sa section statistique aussi. On peut obtenir des séries très détaillées, des graphiques réglables, etc. il est le distant second meilleur service statistique après celui de Fred. Les séries ne sont malheureusement peu nombreuses, et généralement brèves. Fort heureusement, j’ai pu exactement trouver le graphique que je voulais construire, déjà concocté par la Banco de México elle-même ! Je l’ai quand même refait selon mes standards graphiques :

Les taux de la dette publique (en vert) et interbancaire (jaune) collent aux taux directeur (bleu).

Bien que brève (4,5 ans, je n’avais pu trouver que les taux du Trésor comme série longue), elle est extrêmement détaillée (quotidienne sauf week-ends et fêtes) et connait déjà suffisamment d’amplitude. On observe que la Banco de México peut effectivement se vanter de maîtriser quasiment à la perfection son marché interbancaire, avec des courbes si superposées qu’elles se confondent environ autant que les taux néozélandais. Les coefficients de corrélation sont quasi-parfaits : à chaque fois supérieurs à 0,996, soit avec l’arrondi 1,00. On observe qu’une fois seulement, la Banco s’est laissée être surprise : aux mois d’octobre et de novembre 2008, les taux se sont effondrés bien en deçà du taux directeur cible, mais la Banque du Mexique a réagi et les cours se sont à nouveau suivis. Le système a été mis en place en janvier 2008 (qui est aussi le début de la série, ça n’est nullement un hasard si je ne trouvais pas de série plus ancienne), et fonctionne ainsi :

La politique monétaire est accomplie à travers des opérations sur le marché ouvert [« open market », marché secondaire de la dette publique] afin d’équilibrer tout manque ou excès de liquidité sur les comptes que les banques détiennent chez la Banco de México. Ces déséquilibres résultent des transactions tenues entre les banques et la Banque du Mexique (demande pour des billets et pièces ; achat/vente de devise étrangère ; et, transactions entre les banques et le compte du gouvernement fédéral chez la Banque du Mexique, entre autres). Si les opérations sur le marché ouvert n’étaient pas accomplies, tout excès ou manque de liquidité affecterait les conditions du marché monétaire. Selon les conditions d’un jour particulier, la Banco de México peut vendre aux enchères des crédits (fournir de la liquidité) ou des dépôt (retirer de la liquidité).

Deux précautions valent mieux qu’une et la Banque du Mexique fournit un découvert à tout gaffeur qui n’aurait toujours pas soldé ses comptes à la fin de la journée. Mais à taux double du taux directeur. Elle ne rémunère pas les comptes excédentaires.

Et comment peut-elle fournir toujours à satiété des pésos mexicains à tout ce petit monde ? Grâce au monopole octroyé par l’État mexicain à la Banque du Mexique de créer les pésos mexicains, monnaie seule reconnue et utilisée par le Mexique. Art. 1 et 2 :

Article 1. – L’unité du système monétaire des États Mexicains Unis est le péso […]
Article 2. – La seule monnaie avec cours légal sont :
a) Les billets de banque émis par la Banque du Mexique, S. A. […]
b) Les pièces métalliques

Bizaremment, la Banco de México ne fait pas mention explicitement de la « monnaie banque centrale » ou « réserves », qu’elle utilise. Pourtant c’est bien ce qu’elle fait lorsqu’elle veille à fournir des liquidités. Peut-être préfère-t-elle appeler ça du crédit sur les pièces et les billets dont elle détient le monopole. De toute façon, il en est toujours ainsi (quelle banque centrale refuse d’échanger une ligne de crédit chez elle contre ses pièces ou billets ?) et ça ne change rien au final. Si, ça confirme l’intuition commune et mon habitude rhétorique de qualifier la création monétaire de planche à billet (chose nécessaire et bonne).

La conclusion s’impose une fois de plus : un pays souverain n’est pas à la merci d’une quelconque épargne, rare, forcément trop rare, et dont il faudrait âprement surenchérir pour l’obtenir. Un pays souverain dispose de sa banque centrale et de sa propre monnaie, et cette banque centrale assure en permanence, quotidiennement, que les taux ne s’envolent pas (ni ne s’effondrent) et qu’il y ait toujours exactement le montant d’argent nécessaire au système financier en général et au Trésor en particulier. Il n’y a pas de faillite souveraine possible. Si un État fait faillite, c’est qu’il a dilapidé sa souveraineté.

Merci à tous, et c’est tout pour les graphiques illustrant ce fait crucial de nos systèmes monétaires contemporains.


Note :

1 Voici les dix autres de la série (je me suis trompé, ça fait onze en tout) :
L’Inde
La Nouvelle-Zélande
L’Australie
La Suède

Le Canada
L’Afrique du Sud
Le Brésil

Le Japon
Le Royaume-Uni
Les États-Unis d’Amérique

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Les taux indiens

L’Inde, l’un des grands pays émergents, m’a lui aussi causé beaucoup de travail. Mais ça s’est révélé instructif. J’ai pu collecter les taux directeurs, les taux interbancaire (Mibor) et les taux de la dette souveraine à 1 an. J’avais plusieurs taux directeurs cette fois-ci particulièrement divergents (presque un rapport de 1 à 2 en 2009, soit 275 points de base !), ce qui m’était très inhabituel. La BCE par exemple, observe un écart de ± 75 points de base, mais même ainsi, les taux semblaient en général coller beaucoup plus : l’un des taux directeurs domine largement et constamment. Là non. Autres difficultés : les séries sont très brèves je n’ai pu faire remonter les bons du Trésor que jusqu’en 2005, et encore, seulement l’échéance à 1 ans, il ne semble tout simplement pas y avoir d’échéance à 3 mois, comme à mon habitude. Et bien sûr j’ai trouvé les chiffres du Trésor indien sur le site de la Reserve Bank of India et non sur le sien, normal. Du coup c’est aussi la profondeur temporelle du graphique parce que, naturellement le taux interbancaire est encore moins fourni et commence… mi-2008 ! Quatre ans de longueur, c’est faramineux. Pourtant, j’étais enthousiaste en découvrant qu’il archivait et publiait le taux directeur principal depuis 1935, mais comme nous le verrons, c’est ce taux qui est le plus inintéressant. Enfin, les relevés des séries sont faits à fréquences hautement variables, j’ai donc dû raccorder les dates une à une jusqu’à obtenir des séries qui se juxtaposent temporellement ; ça veut dire que sur le graphique, une même distance sur l’abscisse ne vaut pas toujours une même durée de temps, mais qu’une même abscisse est simultanée pour toutes les séries (à quelques approximations près). Mais passons au graphique, maintenant qu’il est enfin fait :

Les taux interbancaire (jaune) et de la dette publique (vert) suivent l’un ou l’autre des taux directeurs (bleu).

Commençons par expliquer le bleu : les taux directeurs. Deux courbes bleues ondulent à distance l’une de l’autre. Celle du bas (bleu clair) est le taux « Reverse Repo », celle du haut (bleu intermédiaire) le taux « Repo », elles fonctionnent en miroir : Le Repo pour « repurchase agreement » consiste à ce que la banque centrale achète le bon du Trésor d’une banque en manque d’argent (pièces, billets, réserves), sous la clause contractuelle préalable que cette banque le rachète ultérieurement à un prix supérieur. La différence entre les deux prix donne le taux Repo. Le Reverse Repo est tout simplement l’inverse du Repo : si une banque dispose d’argent mais ne sait pas où le placer, la Reserve Bank of India lui propose un bon du Trésor à acheter et le lui rachète ultérieurement à un prix supérieur. Évidemment, le taux Repo est toujours supérieur strictement au taux Reverse Repo et non l’inverse, sans quoi, on pourrait trouver de l’argent en quantité illimitée auprès de la RBI à un taux inférieur à celui qu’elle garantit comme rendement minimal, tout le monde se ruerait sur cette source de profit sans risque et illimitée et il y aurait assez vite hyper-inflation… Le taux bleu foncé est supposé être le taux directeur principal. Ou il le fut peut-être. En tout cas, s’il semble de mi-2006 à 2008 servir de plafonds au taux Reverse Repo, ce dernier le franchit tout tranquillement le 3 mai 2011, et il faut attendre le 14 février 2012 pour qu’on se rende compte qu’on l’avait oublié dans son coin et qu’on le remonte. Tout cela semble très protocolaire. On est loin de la BCE avec ses deux autres taux qui sont strictement à + 0,75 et à -0,75 de ce taux central. Pire, il a été trop remonté, bien qu’on les ait tous ensuite baissés simultanément. On peut négliger ce dernier taux.

Les taux de la dette publique sont ici représenté par ceux des bons du trésor à 1 an en vert. De manière un peu surprenante, malgré sa « longue » échéance, il suit le taux Repo sans trop de distance, au contraire. Sans surprise, au plus fort de la crise, en novembre 2008, on ne cherche plus à sous-enchérir et on prend les bons quasiment au taux Reverse Repo, la rentabilité minimale (respectivement 5,02 % et 5,00 %) ! Ensuite, la courbe reprend son cours habituel avec la stabilisation de l’économie : parmi toutes les opportunités d’investissement, on se met à exiger autant d’intérêt qu’on se sent sûr de soi. Mais la différence avec le taux Repo, c’est à dire avec l’argent gagné en échangeant ces mêmes bons avec la banque centrale, ne culmine qu’à 114 points de base et brièvement. Le taux de corrélation entre ces deux taux s’élève à 0,91, sachant que la série est courte (55 paires de données), et que le système indien et comme nous le voyons un peu « artistique », c’est plus que suffisant pour confirmer qu’il suit les taux directeurs (surtout le Repo donc).

Le taux interbancaire est encore un peu plus étrange tout en confirmant lui aussi la prégnance des taux directeurs. J’ai choisi le Mibor au jour-le-jour (« overnight »), et pourtant, à ma petite surprise, il ne suit pas le taux directeur aussi férocement que dans le cas néozélandais. Plus étrange encore, le 20 avril 2010, le Mibor est légèrement inférieur au taux Reverse Repo (respectivement 3,60 % et 3,75 %). Ce dernier était pourtant conçu pour être le taux minimal du système monétaire. J’ai vérifié, et le graphique est bon, sans imprécision des relevés. Comme c’est ce jour-là que le taux Reverse Repo a été relevé de 25 points de base, l’explication serait que que les transactions se déroulaient d’abord au taux Reverse Repo précédant (3,50 %), et que la Reserve Bank of India l’a remonté au beau milieu des transactions. Étrange tout de même. Peut-être qu’il y a d’autres choses peu claires comme celle-là qui expliqueraient pourquoi le relevé est d’une fréquence si erratique. Peut-être qu’il n’y a pas que le « Bank Rate » qui est protocolaire… Pour le reste, on observe la même chose qu’avec les bons du trésor à un an, mais accentuée : le Mibor suit le taux Repo, sauf en période de crise, où il se met à suivre le taux Reverse Repo, et ce jusqu’à retour à la normale. Avec le Repo, son taux de corrélation est de 0,96.

J’ai ainsi pu détailler comment fonctionnent les taux directeurs, plutôt que de sempiternellement les simplifier en un seul. Sinon la conclusion est la même que d’habitude : les taux sont très fermement dans les mains de la banque centrale, et directement branchés sur sa planche à billet : la dette publique n’est nullement insoutenable pour un pays souverain.

Vous pouvez retrouver les précédents épisodes de ma série confirmant ce constat : la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Suède, le Canada, l’Afrique du Sud, le Brésil, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis. Encore un dernier et j’aurais accompli les 10 graphiques promis !


Note :

1 Voici les dix autres de la série :
L’Inde
La Nouvelle-Zélande
L’Australie
La Suède

Le Canada
L’Afrique du Sud
Le Brésil

Le Japon
Le Royaume-Uni
Les États-Unis d’Amérique

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Nouveau : le Glossaire

J’ai remarqué que nombres de termes étaient souvent mal compris et que je devais répéter mes explications, les disséminant — au lance-pierre le plus souvent — à droite et à gauche. Aussi je vous présente le glossaire, page située dans le bandeau supérieur, avec Les Bases et À Propos, et qui récapitule un nombre que j’espère exhaustif des termes posant des difficultés. Il me faudra très certainement affiner les définitions, et ajouter de nouveaux termes, mais trop tarder à publier ce qui est déjà écrit serait du gâchis, je pense.

J’espère que ça vous satisfera et vous dis à bientôt.

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Les taux néo-zélandais

Après l’Australie, la Suède, le Canada, et d’autres, je poursuis ma série sur les taux d’intérêt au cour de la machinerie monétaire et des « forces du marché » qui y opèrent vraiment. Après avoir fouiné sur divers sites officiels néozélandais, j’ai pu trouver une source pour mon graphique sur celui de la banque centrale néozélandaise : la Reserve Bank of New Zealand (RBNZ). La série est malheureusement très courte, mais elle était extrêmement détaillé (journalière) et particulièrement complète. En fait je n’ai jamais calculé mes coefficients de corrélations sur autant de valeurs à la fois. Les séries disponibles étaient l’OCR seul parmi les taux directeurs le taux interbancaire au jour-le-jour (« overnight ») et des taux de bons du Trésor au terme le plus court sont à 1 an. Je les ai donc choisi, faute de mieux et malgré que je préfère un taux interbancaire à 3 mois, qui a plus de liberté de mouvement que le taux au jour-le-jour, et j’ai pris les bons du Trésor à 1 an, la maturité la plus proche du taux interbancaire.

Le taux interbancaire (jaune) et le taux de la dette publique (vert) suivent le taux directeur (bleu) fixé par la banque centrale néozélandaise.

Le taux interbancaire (jaune) et le taux de la dette publique (vert) suivent le taux directeur (bleu) fixé par la banque centrale néozélandaise.

À plus court terme, la superposition des courbes devient encore un peu plus parfaite, même un peu trop. Le taux directeur est parfait : malgré qu’il soit journalier, son changement périodique en fait une courbe bien nette et étagée. Le taux interbancaire au jour-le-jour (jaune) est un particulier : ils oscille très peu et on peine parfois à le suivre sous le taux directeur (les jours avec des données manquantes dans l’une des trois séries ont tout simplement été supprimés du graphique) jusqu’au 6 octobre 2006, où il se met à osciller, plus encore que les bons du Trésor à 30 jours ! Un changement des procédures comme j’en avais découvert pour le Japon sans doute. En effet, depuis 2006, l’OCR est devenu le taux plancher plutôt que le taux moyen, le taux plafond étant dorénavant situé 50 points de base au-dessus de l’OCR. Il diverge aussi plus qu’avant du taux directeur, mais entre les deux le coefficient de corrélation est de 0,999 ! Si les bons du Trésor à 1 an laissent un beaucoup de place, ils suivent eux aussi très fermement le taux directeur avec un coefficient de 0,94. Même entre ces deux taux dérivant du même taux directeur, l’emprise de la banque centrale est si forte qu’ils sont encore corrélés entre eux deux à 0,94. Je rappelle à mon lecteur qu’un économiste est tout heureux s’il trouve une relation donnant un coefficient de corrélation se rapprochant de 1, la perfection, ne serait-ce qu’à hauteur de 0,7…

Comme le précise très bien la RBNZ, l’OCR (« Official Cash Rate ») est le taux directeur principal, les autres étant définis en fonction de lui, et « Le point le plus crucial du système est le fait que la RBNZ ne met aucune limite au montant d’argent qu’elle emprunte ou prête aux taux se référant à l’OCR ». C’est pour ça qu’elle parvient à fixer les taux où elle le veut, et c’est parce qu’elle est l’émettrice unique du dollar néo-zélandais qu’elle peut se le permettre. Tôt ou tard, les autres auront le porte-feuille trop petit pour pouvoir mettre les taux « libres » ailleurs. Il n’y a pas plus de possibilité d’être « à court d’argent » c’est-à-dire en faillite, ou de voir les taux « libres » partir en spirale incontrôlée que cela.

[Édition du 9 février 2013] Le graphique a été mis à jour pour corriger une erreur. Le commentaire du graphique a été retouchée en conséquence.


Note :

1 Voici les dix autres de la série :
L’Inde
La Nouvelle-Zélande
L’Australie
La Suède

Le Canada
L’Afrique du Sud
Le Brésil

Le Japon
Le Royaume-Uni
Les États-Unis d’Amérique

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L’Australie et la Suède

D’habitude, je fais mes graphiques en trois coups de cuillère à pot avec FRED, mais concernant les pays étrangers, il est très vite beaucoup moins complet, et avec une qualité à l’avenante. Malgré tout, à mon grand effarement, il demeure un centre de données surclassant aisément tous ses concurrents. Je ne pourrai pas aussi facilement finir ma série de taux de pays souverains que je ne le pensais. Je n’ai pu trouver les LIBOR du Brésil et de l’Afrique du Sud, mais cette fois l’inconvénient est minime : l’Australie ne présente aucune donnée concernant les taux de sa dette publique entre juillet 2002 et février 2009 (!) sans la moindre explication. Malgré tout, j’obtiens une série plus fournie que ce que je peux obtenir sur les différents sites officiels australiens. Voici le graphique :

Les taux de la dette publique (vert) et interbancaires (jaune) suivent ce que la banque centrale a décidé comme taux directeur (bleu).

Là encore, la leçon est flagrante : Lorsque la Reserve Bank of Australia (RBA) décide d’un taux directeur et se met à proposer des échanges à ce taux, toutes les dollars australiens pouvant acheter les bons du Trésor se tournent vers ces offres de la RBA jusqu’à ce que les taux remontent à ce taux directeur, et à l’inverse, les sommes désirées de dollars australiens trouvent dans les offres de la RBA leur bonheur jusqu’à ce que les taux consentis pour donner ces dollars s’alignent sur le taux directeur. Bien sûr, le marché interbancaire, celui de la dette publique, existent. Ils sont libres, et on n’y paie que les prix que les uns et les autres consentent. Mais l’influence de la banque centrale est tout simplement trop fort : on peut toujours obtenir de la banque centrale des dollars australiens contre un bon du Trésor, et on peut donc toujours acheter un bon du Trésor australien avec ces mêmes dollars, il suffit d’exiger un petit peu plus auprès du Trésor que ce qu’exige la RBA pour que l’opération soit rentable. Du coup la tentation est trop forte et il n’y aura en Australie jamais de crise de la dette souveraine, pas plus qu’en un autre pays monétairement souverain — c’est-à-dire disposant pleinement du monopole d’émission de sa monnaie. Un financement illimité, mais pas à n’importe quel prix. Et ainsi les taux du marché libre ne font qu’osciller autour du taux directeur.

Pour la Suède, j’ai pu trouver des séries de bonne qualité sur le site de la banque centrale suédoise — la Sveriges Riksbank — quoiqu’un peu courtes. Le plus dur fut de trouver le bon taux directeur : un qui ne soit pas trop court et assez prééminent :

Les taux de la dette publique (vert) et du marché interbancaire (jaune) suivent le taux directeur (bleu).

Là aussi, c’est flagrant, on est dans le même cas d’un pays monétairement souverain. À noter que, comme pour l’Australie, le coefficient de corrélation entre deux séries est supérieur à 0,98, ce qui est stratosphérique et confirme sans appel l’impression visuelle de superposition des courbes.


Note :

1 Voici les dix autres de la série :
L’Inde
La Nouvelle-Zélande
L’Australie
La Suède

Le Canada
L’Afrique du Sud
Le Brésil

Le Japon
Le Royaume-Uni
Les États-Unis d’Amérique

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