Requiem

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Chers lecteurs du blog frappermonnaie de Jean-Baptiste BERSAC,

Le Dimanche 16 avril 2017, jour de Pâques, Jean-Baptiste nous a quitté tragiquement.

Suite à de graves problèmes de santé durant les premières années de sa vie, dus à une série d’erreurs médicales reconnues, Jean-Baptiste était profondément marqué physiquement et moralement.

Son intelligence, sa sensibilité et son niveau d’exigence l’avaient amené à lire de très nombreux ouvrages et à développer une réflexion poussée sur l’humanité, en particulier sur les activités économiques, avec la volonté farouche de démasquer les idéologies et leurs caractères mortifères.

Durant ses études de licence d’économie à Paris, il a publié son unique livre Devises et ouvert ce blog que nous gardons en ligne mais sur lequel nous n’enregistrons plus que les commentaires.

Pour les personnes désireuses d’acquérir son livre, dans le respect de ses droits d’auteur gérés par sa famille, nous vous prions de nous en faire la demande. Nous nous efforcerons de répondre assez vite. Nous espérons trouver un éditeur, un diffuseur et aussi des traducteurs.

Nous vous remercions bien sincèrement pour les témoignages de compassion déjà formulés. Nous souhaitons travailler avec vous pour poursuivre son oeuvre de recherche économique sur la nature et l’usage de la monnaie, sur les politiques monétaires qui conviendraient à chaque nation, sur le moyen e pratiquer au mieux le principe de destination universelle des biens. Nous envisageons de créer une fondation dans cet objectif et serons heureux de vous y retrouver si vous le voulez bien.

Avec l’assurance de nos sentiments les meilleurs.

Patrice BERSAC, père de Jean-Baptiste.

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[Posthume] Une stagnation séculaire ?

[Note de la famille: Jean-Baptiste a laissé quelques articles en Brouillon, nous les publions tel quels. Ici, seule l’introduction est rédigée. Merci pour votre compréhension. Date du brouillon: 2014.]

La thèse de la stagnation séculière affirme qu’il le potentiel de croissance économique se serait épuisé, que nous ne pourrions plus devenir encore plus efficaces que nous ne l’avons été. J’aimerais pour ce billet, si ce n’est éventer ce mythe, du moins rendre mon public nettement plus raisonnable à son sujet. Lawrence Summers, ex-secrétaire au Trésor américain et actuel chef du Conseil économique présidentiel sous Obama, a relancé cette thèse en faisant une déclaration pour le Fonds Monétaire International.

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[Posthume] À la racine de ce fanatisme

[Note de la famille: Jean-Baptiste a laissé quelques articles en Brouillon, nous les publions tel quels. Ici, seule la première partie a été rédigée. Bien que le sujet ne soit pas économique, nous le publions. Merci pour votre compréhension. Première ébauche le 14 janvier 2015.]

Ce billet est le second, et le dernier, d’une série exceptionnelle consacrée aux attentats djihadistes ayant attaqué notamment Charlie Hebdo ce 7 janvier. Le premier billet s’intitulait Je suis Charlie et justifiait ma présence lors de la manifestation du 11 janvier, en essayant de réunir tous ceux qui désapprouvent ces actes. Ce second billet veut traquer ce fanatisme qui a tué jusqu’à sa racine. En effet, il ne suffira pas de brandir des crayons et de continuer à caricaturer Mahomet pour l’extirper : Cela ne ferait qu’attiser encore leur fanatisme sans pour autant les ouvrir à l’amour. Ils ne cesseront pas de tuer les caricaturistes par « lassitude », au contraire, ils s’exciteront les uns les autres. Si tout ce que notre intelligence est capable de répondre se limite au symbole du crayon du caricaturiste, alors il est à craindre que « Je suis Charlie » ne signifie simplement que nous sommes les prochains sur la liste…
Le premier ministre de la France Manuel Valls s’est inquiété le 13 janvier devant l’Assemblée nationale de « cette frontière, trop souvent ténue, qui fait que l’on peut basculer dans nos quartiers – pas d’angélisme, regardons les faits en face ! – de l’islam tolérant, universel, bienveillant vers le conservatisme, vers l’obscurantisme, l’islamisme et, pire, la tentation du djihad et du passage à l’acte ? »
Il est temps d’utiliser pleinement la liberté d’expression, l’un des piliers de notre société, ainsi que la liberté de pensée.

L’islam est-il fondamentalement tolérant, une religion d’amour et de paix ? Est-il mitigé, comportant des fondements pacifiques et des fondements violents ? Est-il fondamentalement violent ? Est-il déterminant pour ceux qui s’en réclament ou négligeable face aux influences sociales, politiques, culturelles ou autres ?
Ces questions sont déterminantes. Si l’islam est tolérance, alors il faut le favoriser, car l’aigreur de la frustration serait sa seule source de violence. Si l’islam lui-même est violence, alors tout au contraire le favoriser serait un esprit munichois, laissant libre cours à des ennemis acharnés de la société ouverte, comme disait Popper, c’est-à-dire pour faire simple, de nos démocraties. Et même si l’islam était un danger, ne pouvons-nous faire simplement le pari que Claude Lévi-Strauss nous proposait en 1955 de tout confier à la force assimilatrice intrinsèque à la supériorité de nos principes1 ? Ou cela serait-il une fatale arrogance ?

Pour répondre, posément, précisément, et avec certitude à toutes ces questions, il n’existe qu’une seule méthode : retourner aux sources, en l’occurrence le coran, et vérifier point par point dans quelle configuration nous nous trouvons, puis élargir progressivement la perspective. Enfin je terminerai par donner des pistes de solutions découlant du diagnostic ainsi précisément posé.

1. Jusqu’à quel point l’islam justifie-t-il la violence ?

Dans le coran même, la référence ultime en islam pour trancher des indécisions, trouvons-nous des passages qui justifieraient, hélas, la violence des djihadistes qui s’en réclament ?

Ils auraient bien aimé vous voir renier comme ils ont renié afin que vous soyez égaux.
Ne prenez pas parmi eux des amis intimes jusqu’à ce qu’ils s’exilent sur le chemin de Dieu. S’ils font volte-face, faites-les prisonniers et tuez-les là où vous les trouvez et ne prenez parmi eux ni amis ni soutiens. (s4v89)2

Il n’appartient nullement à un Prophète d’avoir des prisonniers jusqu’à ce qu’il ait prouvé par les armes sa prédominance sur terre. (s8v67)

tuez les Associateurs [note : des non-musulmans] partout où vous les trouvez. Prenez-les, assiégez-les et installez-vous pour les épier dans tout poste d’observation. (s9v5)

Combattez ceux qui ne croient pas à Dieu et au Jour Dernier, n’interdisent pas ce que Dieu a interdit ainsi que son Messager et ne pratiquent pas la religion du vrai (s9v29)

Dieu a acheté les Croyants leur vie et leurs richesses en leur promettant le Paradis : Ils combattent sur le chemin de Dieu en tuant et en se faisant tuer. C’est là une promesse authentique qu’Il a prise sur Lui-même dans la Torah, l’Évangile et le Coran. Qui tient mieux que Dieu ses engagements ? Réjouissez-vous donc à l’avance de votre vente avec laquelle vous avez fait acte d’allégeance et c’est là le très grand succès.
Ceux qui sont revenus sur le droit chemin, qui adorent et louent (Le Seigneur) qui parcourent (le monde), qui se courbent et se prosternent (en priant), qui prescrivent ce qui est communément réprouvé, qui viellent au respect des limites de Dieu. Et annonce la bonne nouvelle aux Croyants !
Il n’appartient pas au Prophète et à ceux qui ont cru d’implorer l’absolution de Dieu pour les Associateurs même si ce sont des parents, une fois qu’il leur est apparu clairement que ce sont les gens de l’Enfer (s9v111-113)

Ô vous qui avez cru! Combattez ceux des Mécréants qui vous sont limitrophes ; qu’ils trouvent en vous quelque rudesse et sachez que Dieu est avec ceux qui Le craignent avec piété. (S9V123)

Ne sont pas au même niveau ceux des Croyants qui restent (chez eux) sans empêchement physique et ceux qui combattent sur le chemin de Dieu avec leurs biens et leurs vies. Dieu a élevé d’un degré ceux qui combattent avec leurs biens et leurs vies au-dessus des inactifs.
À tous Il a promis la meilleure (part) mais Dieu a favorisé les combattants sur les inactifs par un salaire immense. (s4v95)

Ne faiblissez donc pas et ne faites pas des propositions de paix alors que vous êtes les plus hauts [note : autres traductions : que vous avez le dessus, que vous êtes les plus forts], que Dieu est avec vous et qu’Il ne vous frustrera jamais du fruit de votre œuvre. (s47v35)

Les hommes ont la charge et la direction des femmes vu les avantages que Dieu a accordés aux uns de préférence aux autres et vu ce qu’ils ont dépensé de leur argent.
Les vertueuses sont pleines de crainte pieuse et sauvegardent le dépôt (de leur mari en son absence) par la sauvegarde de Dieu.
Celles dont vous craignez l’insubordination, sermonnez-les, éloignez-vous d’elles dans les lits et frappez-les. Si elles vous obéissent, ne cherchez plus injustement à leur nuire. Certes Dieu est constamment transcendant et grand. (s4v34)

N’épousez pas les Associatrices jusqu’à ce qu’elles croient : une esclave croyante est bien meilleure qu’une Associatrice même si elle vous a plu.
Ne donnez pas vos femmes en mariage aux Associateurs jusqu’à ce qu’ils croient, un esclave croyant est bien meilleur qu’un Associateur même s’il vous a plus. (s2v221)

Il n’appartient nullement à un Croyant ou à une Croyante, une fois que Dieu et Son Messager ont décidé d’une chose, d’avoir encore le choix dans leur façon d’agir.
Celui qui désobéit à Dieu et à son Messager s’est en fait manifestement fourvoyé. (s33v36)

Celui qui a renié Dieu après y avoir cru sauf celui qui y a été contraint tandis que son cœur est plein de la sérénité de la foi… mais ceux qui ont ramené la sérénité d’une poitrine par la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère de Dieu et ils ont un supplice énorme. (s16v106)

Vous ne les avez nullement tués mais c’est Dieu qui les a tués. Tu n’as pas jeté quand tu as jeté. Et afin qu’Il soumette les Croyants à une bonne épreuve de Sa part.
Certes Dieu est parfaitement audiant et sachant. (s8v17)

Ce n’est là qu’un très succinct échantillon de ce qu’on peut trouver dans la totalité du coran. Il est déjà extrêmement clair : il est commandé de ne pas se faire d’amis parmi les non-musulmans, de les combattre à mort, nous trouvons également des justifications de la violence conjugales, l’admission de l’esclavage. Sur ce dernier point, les notes du traducteurs et son index sont particulièrement intéressantes : page 552 se trouve l’entrée « esclaves » de l’index. Or, parmi les occurrences de ce mot, il y a la sourate 23 versets 1 et 6. Le verset 6 concernent les femmes avec qui ont peut avoir des relations sexuelles (en l’occurrence ses esclaves) et le premier verset se compose de cette seule phrase « Ils ont effectivement récolté le succès, les Croyants… » Le terme « esclaves » ne peut y désigner que « les Croyants » et donne bien le ton général du coran : on y est esclave de Dieu. SUr la page de ces versets (p. 297), le traducteur donne encore cette note « Le mot Islam (soumission totale à Dieu) est un nom générique pour la seule et unique religion de Dieu. ». Cela correspond aussi à la relation de Dieu envers les humains : « Dieu rend immuable dans ce monde et dans l’autre les assises de ceux qui ont cru. Dieu égare les Injustes (les Associateurs) et Dieu fait ce qu’Il veut. » (s14v27). Il n’est ici fait nul appel à la liberté individuel, au contraire.

Donc, il est parfaitement possible, par le coran, de se croire obligé par Dieu à tuer les non-musulmans, comme épreuve pour gagner le paradis, et que c’est ce qu’il y a de préférable. Mais il y a-t-il des versets allant en sens inverse, pacifiste ? Et que valent-ils face à tous les versets violents dont nous avons lu un échantillon ? Voici quelques extraits brandis par le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur par exemple :

À cause de cela nous avons prescrit aux fils d’Israël que celui qui a tué un être sans que ce soit pour meurtre ou pour corruption en Terre, c’est comme s’il avait tué l’humanité entière et celui qui l’a fait revivre, c’est comme s’il avait fait revivre l’humanité entière. (s5v32)

Ne tuez qu’en toute justice la vie que Dieu a faite sacrée. (s6v151)

Toute la clé est dans les expressions « sans que ce soit pour meurtre ou pour corruption » et « qu’en toute justice » : Il suffit donc que le coran prescrive par ailleurs le meurtre pour que toute garantie de sacralité de la vie humaine soit levée. D’ailleurs, le verset suivant de celui tiré de la sourate 5 est particulièrement clair, pour qui serait intellectuellement trop peu agile : « La seule réponse (digne) de ceux qui font la guerre à Dieu et à Son Messager et qui s’efforcent de semer la corruption en Terre, est qu’ils soient massacrés ou crucifiés ou qu’on leur coupe successivement les mains et les pieds par ordre croisé ou qu’on les bannisse du pays. Cela est pour eux une opprobre dans le monde et ils auront dans l’autre de très grands tourments. » (s5v33). Voir aussi, par exemple, cette explication en français par un cheikh du verset « nulle contrainte en religion ». On peut encore retrouver nombre de ces « clauses suspensives » dans la Déclaration islamique des Droits de l’Homme, qui vident les garanties de leurs substances, par exemple l’article 1a) sur la sacralité de la vie humaine qui se termine par « sauf sous l’autorité de la Loi »…

Il est très clair que le texte coranique incite beaucoup trop à la violence et en protège beaucoup trop peu pour ne pas le reconnaître chez les divers terroristes qui s’en réclament.

2. Quelle importance pour un texte si rarement lu ?

3. La République n’a-t-elle pas déjà dompté tout aussi violent, voire plus, que l’islam ?

4. Quelles solutions face au problème islamique ?
Notes
1. Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques, Plon, 1955, 380 p., p. 366
2. Coran, sourate (chapitre, noté s) 4, verset (paragraphe ou à peu près, noté v) 89. Traduction et notes par le docteur Salah Ed-Dine Kechrid, sixième édition, revue et corrigée par le docteur Mohammad Yalaoui de l’université de Tunis, publié sous la supervision de Habib El-Lamssi, Beyrouth, B.P.: 113/5787, Liban, en 1994.
Toutes les citations du coran sur cette page en sont issues.

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[Posthume] Les retrouvailles en cours avec un penseur oublié : Abba Lerner

[Note de la famille: Jean-Baptiste a laissé quelques articles en Brouillon, nous les publions tel quels. Ici, seule l’introduction est rédigée. Merci pour votre compréhension.]

C’est un argument qu’on entend de plus en plus : En période de récession, réduire les déficits aggrave la récession. Il faut attendre la reprise pour retrouver l’équilibre budgétaire. On trouve parmi les quelques voix assez lucides pour le voir le prix Nobel d’économie Joseph Eugene Stiglitz, ainsi que d’autres, de moindres renommées, comme le relate cet article du Monde. À l’appui de ce constat, ils citent évidemment Keynes, le grand théoricien de la relance budgétaire.

C’est une bonne chose que de retrouver les enseignements de Keynes, mais ce dernier, mort dès 1946 ne fut pas le propagateur vivant du keynésianisme après-guerre. Ce fut un de ses disciples les plus talentueux Abba Ptachya Lerner, qui a largement contribuer à l’œuvre de Keynes et qu’on ferait mieux de ne pas oublier si on ne veut pas subir une nouvelle crise aussi grave que l’actuelle voire pire.

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Par où éclatera la bulle ?

Comme l’explique le néochartalisme depuis les années 1990, les tentatives de substituer l’endettement privé au déficit public se traduit par un épuisement progressif mais inéluctable des capacités du privé à s’endetter. Il est loin, le temps de Clinton, où ce dernier pouvait laborieusement dégager des surplus budgétaires publics, sans refiler le problème du financement à un autre pays via un surplus de sa balance extérieure, mais en laissant la bulle internet gonfler, gonfler, gonfler… Même le temps des subprimes est loin déjà. Alors, une débauche de spéculation financière n’avait permis que de limiter le déficit public, et la finance était tellement fragile que la bulle sur les matières premières a fait exploser celle sur les subprimes à la stupéfaction générale de la finance.

Depuis, les banques centrales se démènent comme jamais pour susciter une bulle apte à dégager quelque surplus budgétaire. Or, la fragilité de la finance n’a pas disparu, tout au contraire. Rappelons que, contrairement à l’État qui fait accepter sa devise comme moyen de paiement en la prélevant par des impôts obligatoires, la finance privée est obligée d’obtenir le consentement de ceux qui acceptent sa monnaie de crédit, et elle le fait typiquement en promettant un versement à échéance d’un montant plus élevé encore que celui consenti : le prêt à intérêt. Tout repose donc sur la confiance en la capacité à payer les sommes promises, elles-mêmes reposant sur la solvabilité et la liquidité des relations économiques de celui qui paie à crédit. Un montage autrement plus fragile… et fragilisé encore par l’austérité budgétaire qui détériore cette solvabilité.

Les plus surveillés sont les marchés actions, littéralement sous perfusion des banques centrales, au point que de plus en plus de monde redoute ce qui se passera lorsque la perfusion sera arrêtée. De même, la Grèce à travers sa dette publique, est surveillée comme le lait sur le feu, inutile d’y revenir.
Mais l’éclatement pourrait venir d’un endroit parfaitement inattendu. En fait, c’est même précisément parce qu’un percement de la bulle est inattendu qu’il a le plus de chance de réussir.

Dans la foulée de la crise des subprimes, la banque autrichienne Hypo Alpe Adria fit faillite, une banque de défaisance fut chargée de reconstituer quelque activité financière saine : la Heta Asset Resolution AG a « découvert » une perte de 7,6 milliards d’euro (8,5 milliards de dollars) due à son exposition à l’Europe du sud et centrale. Comme quoi les financiers germaniques ne sont pas nécessairement plus performants que leurs homologues du sud sur leur terrain. Panique à bord. La province de Carinthie avait garanti la Heta afin d’aider au rétablissement du secteur financier. En conséquence, tout le monde jusqu’à la BCE avait accepté le crédit émis par la Heta, et ces crédits se sont effectivement diffusé. Petite peur à un bord nettement plus vaste. Sauf que, pour ne pas subir cette perte de Heta, la Carinthie a décidé de renier sa garantie, lassée d’essuyer les pertes. Petite peur qui grossit fortement. En Allemagne, la Düsseldorfer Hypotherkenbank contaminée par ces pertes passe sous le contrôle du fonds de sécurité de l’Association des banques privées. L’exposition de la Düsselhyp serait de 280 millions d’euros, pour un bilan de 11 à 12 milliards d’euros. Et c’est là que la magie du crédit privé continue de fonctionner à la façon du balai de l’apprenti sorcier. Pour financer ces 11 milliards d’euros, la Düsselhyp ne dispose que de 233 millions d’euros de fonds propres, le reste n’étant que du crédit qu’elle avait émis. Donc, la Heta mettrait ses fonds propres à -47 millions d’euros : « Dès jeudi, l’agence de notation Fitch mettait en garde : « L’effondrement de la banque est inévitable ». ». La faillite sur tous ses crédits, soit environ 11 milliards d’euros… qui eux-mêmes ont servi de fonds propres à des crédits : des Pfandbriefe. Ceux-ci, jugés particulièrement sûrs, sont un des piliers de la finance allemande. Or, la faillite de la Düsselhyp sèmerait le doute sur ces Pfandbriefe qui représentent 400 milliards d’euros… Du coup, les autorités autrichienne ont accordé à la Düsselhyp ce qu’ils ont refusé à Tsipras : un moratoire sur ses dettes.

Il est pour le moins difficile d’empêcher une grosse bulle de savon, avec sa fine paroi, d’éclater. C’est à cet exercice que se livrent les élites, financières et politiques, actuelles. Les chartalistes ont clamé la nécessité du déficit publics, épargne indispensable pour l’économie privée. Nous verrons combien de temps elles parviendront à jouer les funambules.

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Association des néochartalistes francophones

Bonjour à tous,

La chose me fut déjà demandée par le passé, et je n’ai que trop tardé. En effet, j’ai croisé un certain nombre de personnes avec des talents très différents, des miens comme de chacun des leurs, et, trop timide sans doute, j’ai hésité à fédérer toutes ces énergies qui passaient par moi. Mieux vaut tard que jamais, et afin de dynamiser le néochartalisme en langue française, je lance son association officielle. Comme elle a vocation à dynamiser et fédérer, elle doit être la plus souple, accueillante et efficace possible.

Voici ma proposition de statut d’association loi 1901 :

Vision :

L’association promeut la meilleure compréhension possible de la monnaie le plus largement auprès de tous les divers publics, grâce au courant de pensée néochartaliste.

Fonctionnement :

Projets. Chaque membre de l’association peut lancer un projet en accord avec la vision de l’association. Pour cela, il lui suffit 1) de préciser par avance son projet, en détaillant tout ce qui pourrait être utile, 2) d’attribuer son projet respectivement à sa personne, ses collaborateurs et l’association 3) de ne pas faire l’unanimité du reste de l’association contre ce projet.

Communication interne à l’association. L’association dispose d’une communication interne centralisée permettant à tous les membres de s’identifier et de communiquer à tous, par exemple une liste de publipostage électronique, un groupe secret de réseau social, etc.. Chaque membre de l’association dispose d’exactement un identifiant pour la communication interne, dans notre exemple une adresse électronique. Tout ce qui concerne l’association et la poursuite de sa vision doit y être publié au su de tous. La communication des projets doit donc au moins en partie se faire via la communication interne (annonce, choix des collaborateurs, compte-rendus, etc.).

Évolution des statuts. Sur proposition officielle d’un membre, une évolution des statuts peut être soumise au vote. Pour une meilleure clarté, la proposition reproduira l’intégralité des statuts et mettra l’emphase (par exemple en gras) sur les différences. Si elle recueille l’approbation de la majorité qualifiée, elle est validée définitivement avec enregistrement de sa date de vote et des résultats du vote et devient les nouveaux statuts de l’association.

Vote. Chaque membre a un droit de vote à hauteur d’exactement une voix. Pour être validée, une des propositions d’un vote doit recueillir au minimum la moitié des membres plus une voix. Une abstention et des votes négatifs totalisant la moitié des membres rejettent donc la proposition ayant récolté un tel résultat. Plusieurs votes peuvent toujours être menés simultanément pourvu que chaque votant au sein de la communication interne distingue bien chacun de ses votes. Rien n’est secret lors des votes. Par unanimité, il est compris neuf membres ou plus sur dix de l’association ; par majorité qualifiée, les deux tiers ou plus de l’association. Un vote à majorité qualifiée ou à l’unanimité doit être annoncé au moins une semaine à l’avance, avec sa ou ses propositions complètes, son ouverture et sa fermeture de vote. Un membre peut solliciter un vote sur tout sujet qu’il juge nécessaire, ne serait-ce que pour s’assurer d’une certaine légitimité de son action par rapport au reste du groupe.

Membre. Peut devenir membre toute personne participant à un projet de l’association. Chaque membre donne son identité réelle à tous les autres membres, mais peut éventuellement demander l’anonymat ou le pseudonymat à l’extérieur de l’association. Afin de garder l’association dynamique et vivante, tout membre n’ayant travaillé à aucun projet depuis plus d’un an cesse d’être membre. Un membre peut signifier par communication interne son désir de ne plus être membre ; il est alors radié, mais peut être réintégré comme tout nouveau membre.

Bonne foi. Les présents statuts ne doivent pas faire illusion : c’est la bonne foi des membres qui préside à l’édification de l’association, c’est elle qui la rendra toujours plus vivante et dynamique, et c’est surtout elle qui rendra plaisant d’y œuvrer. Aussi, les règles servent surtout à mettre des mots sur un esprit que les membres cherchent à partager au sein de l’association. Si, par exemple, un membre a commencé un projet sans en avertir les autres, parce que les circonstances ne lui permettaient pas d’attendre (ex. : contact précieux croisé de manière exceptionnelle) et qu’il jugeait que cela ferait avancer la vision de l’association, et n’avertit l’association qu’ensuite, il est parfaitement concevable que les membres passent outre les règles et valident sa démarche quand même. Pour cela, une simple absence de réaction négative suffit ; cependant, s’il y a des réactions négatives, un vote peut forcer le membre contrevenant à revenir aux accords communs, en particulier aux statuts, même s’il s’estime sincère. La souplesse n’est pas le laisser-aller.
Réciproquement, même si la lettre des statuts est respectée, si un membre fait l’unanimité contre lui sur un point, il doit s’ajuster sur ce point et privilégier un minimum de bonne entente.

Garant et exclusion. Des membres ne parvenant pas à résoudre leurs désaccords entre eux peuvent solliciter la médiation du garant pour aider à surmonter ces frictions si humaines, en vue d’une conciliation pour le meilleur de chacun et de la vision. À intervalle d’un an maximum, un vote a lieu ou chaque membre peut voter pour autant de membres qu’il souhaite, à hauteur d’exactement une voix pour chaque autre membre, afin de désigner un nouveau garant de l’association. Devient le nouveau garant le membre ayant obtenu le plus grand nombre de voix, une majorité des deux tiers, et ayant accepté ce titre. Si personne ne satisfait aux trois conditions, le garant est le précédent titulaire. Le premier garant de l’association est Jean-Baptiste Bersac ; si un garant n’avait pas de successeur, chaque différend pourrait être résolu par un garant intérimaire désigné d’un commun accord par les membres en conflit, ou par un vote d’urgence pour désigner finalement un garant. Il est toujours possible de voter pour désigner un nouveau garant.
Si par malheur, un de ces quelques esprits tordus prenant un plaisir particulièrement vain à empêcher les gens de collaborer entre eux en bonne intelligence et avec le plus de bonheur possible devait s’immiscer dans l’association, l’exclusion d’un membre ne se ferait qu’individuellement, après tentative de conciliation par le garant et à condition qu’il réunisse contre lui soit un vote à l’unanimité, soit la majorité qualifiée plus l’accord du garant. Il s’agit là d’une assurance destinée à ne jamais être utilisée, du moins espérons-le. Un exemple d’une telle personnalité dérangée serait une personne qui passe peu de temps sur quelque projet mais un temps fou à décrier d’autres membres ou à lancer des votes d’exclusion contre eux ; afin d’assainir l’ambiance, il pourrait malheureusement être indispensable d’exclure cette personne. Une personne exclue peut redevenir membre seulement par vote.

Pour ceux que ça intéresse, je me suis librement inspiré de ces nouvelles organisations si efficaces dont parlent Frédéric Laloux, Isaac Getz, et d’autres, qui puisent leurs origines dans des pionniers aussi divers que Jean-François Zobrist, la sociocratie ou du professeur Clare Graves… [Édition du 27 février : Un reportage sur ces entreprises est diffusé par Arte.]

Ces statuts, et jusqu’au nom de l’association sont à finaliser avec ceux qui accepteront de la lancer avec moi (je prendrai les premiers frais à ma charge, jusqu’à quelques centaines d’euros, après nous verrons…). L’idée demeure néanmoins d’avoir la structure la plus souple et dynamique possible. Je ne me sens aucune vocation pour être un de ces présidents à vie d’association qu’ils ont fondées, qui ne les dépassent guère, et qui meurent avec eux. Si la vitalité de l’association dépassait mes capacités, ce serait formidable…
Ensuite, vive la vie :) !

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Après la Suisse, le Danemark

Le Danemark aussi fixe la parité de sa devise par rapport à l’euro, tout comme la Suisse il y a encore peu. S’il est vrai que le franc suisse est plus côté, traditionnellement parmi les valeurs refuge, l’économie danoise est aussi très solide, et il faut préserver ses euros d’une éventuelle chute de cours, voire démantèlement pur et simple (cf le billet précédent de ce jour même. L’actualité est intense comme je le disais.), à défaut de francs suisses, la couronne danoise est une excellente candidate. Le communiqué de la banque centrale danoise est très explicite, c’est exactement le scénario suisse, et je vous le traduis en intégralité :

À parti du 6 février 2015, le taux sur les certificats de dépôts de la Danmarks Nationalbank est réduit de 0,25 points de pourcentage à -0,75 %. Le taux de prêt [NdT : d’urgence], le taux d’escompte et le taux sur les dépôts demeurent inchangés à 0,05 %, 0,0 % et 0,0 pourcent, respectivement. [NdT : même la BCE, avec ses taux respectifs à 0,30 %, 0,05 % et -0,20 % paraitrait soudainement d’une rigueur toute germanique.]

La réduction de taux d’intérêt suit les achats par la Danmarks Nationalbank sur les marchés de change.

À la suite de la décision par la Banque Nationale Suisse de rompre le taux de change minimal et la décision par la Banque Centrale Européenne de lancer un programme étendu d’achat d’actif, il y un afflux considérable de devise étrangère.

Les instruments monétaires traditionnels d’une politique de de taux de change fixe sont les interventions sur les marchés de change étrangers et la modulation de l’écart de taux par rapport à la zone euro. Les interventions de la Danmarks Nationalbank sur le marché de change s’élèvent à 106,3 milliards de couronnes en janvier et le taux sur les certificats de dépôts a été abaissé plusieurs fois. De plus, le ministre des finance a décidé de suspendre l’émission de nouvelles par des nationaux comme par des étrangers jusqu’à nouvel ordre, sur recommandation de la Danmarks Nationalbank. Ces mesures sont prises avec l’intention d’inhiber l’influx de devise étrangère.

« La politique de taux de change fixe est un élément indispensable de la politique économique au Danemark — et cela depuis 1982. La Danmarks Nationalbank a les instruments nécessaires pour défendre une politique de taux de change fixe aussi longtemps que nécessaire », a dit Lars Rohde. [NdT : président de la banque centrale danoise. Cela fait penser au « quoiqu’il en coûte » de Drahgi. L’heure de vérité est venue et, généralement, c’est lorsque leurs promesses sont devenues les plus intenables que les présidents des banques centrales les répètent avec véhémence.]

Lars Rohde continue : « Il n’y a pas de limite supérieure aux réserves de change. Le seul but des instruments de politique monétaire est de maintenir une taux de change de la couronne fixe par rapport à l’euro. Le revenu de la Danmarks Nationalbank est affecté positivement par l’accroissement des réserves de change. »

Rappelons que la Banque Nationale Suisse avait utilisé quasiment le même taux négatif de -0,75% sur les dépôts, en vain (que seuls les certificats de dépôts plutôt que les dépôts eux-mêmes ne soient pénalisés suggère que la mesure sera encore plus inefficace pour faire fuir les spéculateurs). Comment, en effet, empêcher un tel tsunami d’euro sur la petite couronne danoise de se transformer soit en taux de change qui s’envole, soit en inflation (puisque la Banque Nationale du Danemark s’oblige à aligner suffisamment de couronnes fraichement créées pour ne pas changer la aprité face à tous ces euros, et se refuse aussi à ce qu’ils s’investissent dans une spéculation sur actifs. Le même dilemme que pour la Banque Nationale Suisse, dilemme qui s’est terminé comme on le sait…] Et ce mouvement sent la panique : quatrième baisse surprise depuis le 19 janvier !

2014 fut l’année du calme avant la tempête. 2015 est l’année de la tempête, selon toute vraisemblance.

Via ZeroHedge.

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J moins un.

Court billet pour commenter l’actualité qui se précipite, à l’image de la tectonique des plaques qui accumulent une tension toujours plus forte, sur de longues périodes, jusqu’à ce qu’un séisme acte brutalement la rupture.

J’avais annoncé que le séisme était imminent, cette fois, nous en sommes à l’extrême limite.

La BCE a montré les dents en éliminant le refinancement direct de la dette publique grecque par elle-même et à son taux de référence. Cependant, elle ne mord pas encore, comme elle l’a fait contre Chypre, et les banques grecques sont toujours admises au sein de l’eurosystème. Les financiers s’inquiètent à nouveau d’une sortie de la Grèce et les taux d’intérêts se sont emballés sur sa dette.

Soit Tsipras continue son plan de relance de l’économie grecque, et particulier ses mesures sociales pour panser le petit peuple grec. Et alors il ne lui reste plus qu’à réquisitionner la banque centrale grecque pour se financer, ce qui vaudra exclusion définitive de l’euro.

Soit Tsiras se couche et l’austérité repart pour un tour, mais son destin politique s’arrête là : les électeurs n’ont pas abandonné les partis traditionnels pour Syriza afin de poursuivre la même austérité, ou quasiment.

Attention toutefois aux coups fourrés : la BCE précise non seulement que les banques grecques font toujours partie de l’euro, mais encore que la Grèce, via ses banques peut se tourner vers sa banque centrale nationale pour se refinancer au taux plafond (de prêt d’urgence, potentiellement illimité, à 0,30 % plutôt que 0,05 % ERRATUM (7 février) : J’ai confondu l’Emergency Liquidity Assistance et le Marginal Lending Facility, l’ELA n’est pas illimité mais requiert l’accord préalable de la BCE dès 500 millions d’euros. Donc, la BCE tient encore les rênes de la situation et n’a pas vraiment laissé le Trésor public grec et la banque centrale grecque s’arranger entre eux.) « dans les règles de l’eurosystème ». Justement, cette dernière a acquis ces derniers jours le droit de refinancer de la dette publique de son État.

Draghi donne ainsi des gages aux Allemands, Finlandais etc. tout en permettant aux Grecs de continuer à bénéficier de l’euro autant que besoin est. Mais il n’est pas sûr que les premiers se satisfassent que quelqu’un ait aussi ouvertement accès à la « planche à billet » si tabou. Ce serait alors une sorte de préalable pour confiner la dette grecque (au moins ses nouvelles émissions) au sein des institutions grecques et de pouvoir scinder la zone euro et la Grèce aussi proprement que possible…

À suivre.

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Conférence à Bruxelles

Avis à tous ceux qui seront à Bruxelles le 19 février prochain :

À l’initiative du Cercle du libre Examen, à 19h au sein de l’Université libre de Bruxelles sera organisée une conférence-débat sur la dette publique autour des questions suivantes :

– quelles sont les principales causes de l’ampleur des dettes publiques
des pays européens ?

– les cures d’austérité sont-elles inévitables ?

– Si non, quelles sont les autres réponses possibles à apporter au problème des dettes souveraines ? Quelles sont les conséquences de ces divers scenarii de réponse ?

Le panel d’intervenants se compose pour l’instant de M. Bruno Colmant, économiste et auteur de l’ouvrage Dette publique : un piège infernal ainsi que de M. Olivier Bonfond, économiste et auteur de l’ouvrage Et si on arrêtait de payer ? 10 questions-réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité. Il y aura peut-être un représentant du Ministère des finances. Enfin, vous l’avez compris, il y aura moi également.

Merci à tous pour l’organisation de cette conférence et l’invitation, ainsi qu’à ceux qui viendront l’écouter. Pour les autres, la conférence sera très certainement enregistrée et mise en ligne avec les autres conférences (section Média > Vidéos sur leur site).

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Les craquements continuent, séisme imminent ?

Petit billet pour signaler quelques-uns des derniers craquements de la citadelle de l’orthodoxie et que le point de basculement est peut-être très proche.

Je vous épargne les innombrables signes de nervosité et de fragilité des marchés, que les banques centrales surveillent comme le lait sur le feu, et intéressons-nous à ce qui pourrait bien être non pas la fin du début, ni même le début de la fin, mais peut-être la fin du début, comme disait Churchill : l’arrivée au pouvoir de Syriza en Grèce.
En effet, leur avance dans les sondages s’accroît, et il est extrêmement douteux que la situation se retourne d’ici le 25 janvier, jour des élections. Frédéric Lordon a écrit une très bonne analyse de la situation. En voici l’idée centrale : Soit Syriza a modéré son discours pas seulement pour accéder au pouvoir mais sincèrement par l’affadissement de ses convictions, pour ne pas dire par leur abandon, auquel cas il sera un pétard mouillé et la Grèce continuera à s’enfoncer plus profondément encore dans cette nouvelle Grande Dépression via le manège politicien habituel, soit Syriza a bien compris les raisons de la disparition du Pasok, de son existence et de son arrivée au pouvoir, et décide certes la négociation mais sans rien céder sur l’essentiel (à savoir la revitalisation de l’économie grecque, donc la fin de l’austérité), auquel cas, c’est simple, l’euro saute. Il sautera au moins pour la Grèce, mais le fait que cette dernière sorte donnera un signal à tous les financiers que d’autres pays peuvent donc le faire aussi, que la promesse de Mario Draghi de sauver l’euro « à n’importe quel prix » n’a pas la solidité requise. Ce dernier s’est précipité, selon le Spiegel, en Allemagne pour obtenir d’Angela Merkel qu’il puisse laisser les banques centrales nationales membres de l’euro refinancer leurs États membres respectifs.
Si l’Allemagne refuse, et je suis la démonstration de Lordon sur ce point, alors il n’y a plus de compromis possible : annihilation par austérité ou explosion de l’euro. Les responsables de l’Union Européenne le sentent. C’est vrai pour Draghi comme nous l’avons vu, mais aussi, par exemple, du nouveau président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a expliqué que le plan d’investissement européen ne serait largement pas pris en compte dans le calcul des fameux critères de Maastricht (3 % de déficit public/PIB maximum et 60 % de dette publique/PIB maximum)…

On a beau faire du libéralisme un article de foi, il est difficile de toujours ignorer la réalité. De même aux États-Unis, où les néochartalistes confinés encore il y a peu dans la « Sibérie pour économistes dissidents » font maintenant leur entrée officielle à Washington. Félicitation à Stéphanie Kelton et tous les autres pour cela.

Alors, 2015 l’année du renouveau ? Ce serait malheureusement trop beau pour être vrai. Disons plutôt que tout le travail de sape préalable et indispensable contre l’orthodoxie ancienne porte enfin son fruit, et qu’il devient possible de construire politiquement l’alternative. Mais cette seconde phase prendre certainement un peu de temps avant que nous puissions tous jouir du renouveau.

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