J moins un.

Court billet pour commenter l’actualité qui se précipite, à l’image de la tectonique des plaques qui accumulent une tension toujours plus forte, sur de longues périodes, jusqu’à ce qu’un séisme acte brutalement la rupture.

J’avais annoncé que le séisme était imminent, cette fois, nous en sommes à l’extrême limite.

La BCE a montré les dents en éliminant le refinancement direct de la dette publique grecque par elle-même et à son taux de référence. Cependant, elle ne mord pas encore, comme elle l’a fait contre Chypre, et les banques grecques sont toujours admises au sein de l’eurosystème. Les financiers s’inquiètent à nouveau d’une sortie de la Grèce et les taux d’intérêts se sont emballés sur sa dette.

Soit Tsipras continue son plan de relance de l’économie grecque, et particulier ses mesures sociales pour panser le petit peuple grec. Et alors il ne lui reste plus qu’à réquisitionner la banque centrale grecque pour se financer, ce qui vaudra exclusion définitive de l’euro.

Soit Tsiras se couche et l’austérité repart pour un tour, mais son destin politique s’arrête là : les électeurs n’ont pas abandonné les partis traditionnels pour Syriza afin de poursuivre la même austérité, ou quasiment.

Attention toutefois aux coups fourrés : la BCE précise non seulement que les banques grecques font toujours partie de l’euro, mais encore que la Grèce, via ses banques peut se tourner vers sa banque centrale nationale pour se refinancer au taux plafond (de prêt d’urgence, potentiellement illimité, à 0,30 % plutôt que 0,05 % ERRATUM (7 février) : J’ai confondu l’Emergency Liquidity Assistance et le Marginal Lending Facility, l’ELA n’est pas illimité mais requiert l’accord préalable de la BCE dès 500 millions d’euros. Donc, la BCE tient encore les rênes de la situation et n’a pas vraiment laissé le Trésor public grec et la banque centrale grecque s’arranger entre eux.) « dans les règles de l’eurosystème ». Justement, cette dernière a acquis ces derniers jours le droit de refinancer de la dette publique de son État.

Draghi donne ainsi des gages aux Allemands, Finlandais etc. tout en permettant aux Grecs de continuer à bénéficier de l’euro autant que besoin est. Mais il n’est pas sûr que les premiers se satisfassent que quelqu’un ait aussi ouvertement accès à la « planche à billet » si tabou. Ce serait alors une sorte de préalable pour confiner la dette grecque (au moins ses nouvelles émissions) au sein des institutions grecques et de pouvoir scinder la zone euro et la Grèce aussi proprement que possible…

À suivre.

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6 réponses à “J moins un.

  1. Visiblement, le gouvernement grec ne défendra jamais une sortie de l’euros, comme l’explique le ministre star, Yanis Varoufakis: il préfère rester dans la zone euros(car un éclatement de cette dernière profiterais sois disant à l’extrême droite, alors que les nazis réapparaissent à cause de la politique dans la zone euro) plutôt que mettre en place un programme radical.

    Voir se texte de 2013, de Varoufakis: http://echoes.over-blog.com/2015/03/yanis-varoufakis-comment-je-suis-devenu-un-marxiste-inconstant.html (à moins que ces opinions est changée, ce texte nous montre l’avenir de la Grèce)

  2. J’ai du mal à lire les arrière-pensées de Tsipras. Peut-être essaie-t-il de relancer son économie avec ses mesures sociales pour mieux affronter la sortie de l’euro qui sera alors automatique, vu qu’il n’aurait ainsi pas fait l’austérité promise. J’avoue non seulement ne pas suivre dans le détail tout cela, mais avoir encore peu d’appétence pour la soupe politicienne. Bien qu’elle soit importante en vérité. Disons que tout est ouvert et qu’il faudra nécessairement faire sauter le carcan du TSCG, donc de l’euro. Que ce soit Tsipras qui y parvienne ou un autre, et quel que soit le temps que ça prendra…

  3. Je suis moi aussi de moins en moins gourmand de « politique politicienne », mais un certain nombre de site ou blog internet font un travail considérable qui permettent de mieux saisir certaine réalité(par exemple le blog okéanews est très éclairant sur les dégâts de l’austérité et sur la monter du néo-nazisme).

  4. Greece’s Piraeus Bank offers relief to poverty-stricken borrowers
    http://www.reuters.com/article/2015/04/23/greece-piraeusbank-loans-idUSL5N0XK3RM20150423

    « Piraeus Bank will write off credit cards and retail loans up to 20,000 euros ($21,484) for Greeks who qualify for help under a law the leftist government passed to provide relief to poverty-stricken borrowers, it said on Thursday. »

    « Piraeus said it would also write off interest on mortgages for qualifying borrowers, but did not provide details on how many people might benefit. »

    European Central Bank Squeezes Greek Banks, Tightening Access to Loans
    http://mobile.nytimes.com/2015/04/22/business/dealbook/ecb-tightens-flow-of-money-to-greek-banks.html?_r=0
    « Controversially, Greek banks have even begun to issue bonds to themselves and, after securing a government guarantee, have used the securities to secure short-term financing — a practice that was excoriated by Yanis Varoufakis before he became the Greek finance minister.

    On April 8, for example, the National Bank of Greece self-issued €4.1 billion of six-month bonds that carried state backing. But with Greece on the verge of default — Mr. Varoufakis has frequently said his country is bankrupt — those guarantees are no longer worth much.

    Mr. Varoufakis has often complained that the E.C.B. is “asphyxiating” Greece by limiting the amount of bills that the banks can buy from the government and keeping a tight leash on emergency loans.

    At the same time, Mario Draghi, the president of the E.C.B., has made it clear that if Greece does not strike a deal with Europe he will eventually stop backing the Greek banks, which would inevitably lead to capital controls and eventual default. »

    J’ai du mal a croire que Draghi supprimera la garantie faite aux banques grecques et l’accès a l’ELA.

  5. ‘No default if Greece misses payments to ECB and IMF’
    http://www.timesofmalta.com/articles/view/20150502/world/-No-default-if-Greece-misses-payments-to-ECB-and-IMF-.566444

    « Most top credit rating agencies said yesterday they would not cut Greece’s rating to default if it misses a payment to the International Monetary Fund or European Central Bank, a stance that could keep vital ECB funding flowing into the financial system.

    Greece owes nearly €1 billion to the IMF this month and almost €7 billion to the ECB over July and August and there are concerns that the govern-ment, stuck in funding talks with official lenders, will miss the payments.

    This would be an unprecedented move that could put Athens’ future in the euro in doubt and has raised questions about whether it could set off a chain reaction, possibly accelerating repayments due to other official and private sector creditors and compounding Greece’s problems.

    But for most rating firms, whose views determine whether the ECB can still accept sovereign Greek securities as collateral for lending to its banks, a missed IMF payment would not lead them label the country in default.

    This is critical to keeping the life-support mechanism, the ELA emergency cash provided by the Greek central bank with the blessing of the ECB, flowing to banks because the ECB would not accept any securities issued by a government in default. »

    US fears a European sequel to Lehman Brothers
    http://www.ft.com/intl/cms/s/0/4b2001ca-e999-11e4-a687-00144feab7de.html?siteedition=uk#axzz3Z4l2Pt6K

    « When the broker collapsed seven years ago, US officials learnt a painful lesson about how small shocks can spiral out of control. Their European counterparts experienced that crisis too. But Wall Street traders and Washington bureaucrats saw contagion spread in a particularly immediate way, scarring their psyche. And some American officials suspect there are several key points about that 2008 debacle that could be very pertinent to Greece.  »

    La balle est toujours dans le camp de la Grece. Mais l’eurogroupe est tellement dans son trip de pouvoir que je ne suis pas sur qu’il enregistre.

  6. « Ce sont les hommes qui font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font. »

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