Un gros travail

Cela fait un an environ que je tiens ce blog, l’augmente, l’approfondis, etc., et ce afin de faire passer un message en fin de compte assez simple : « N’ayez pas peur de la création monétaire. ». Ne nous cachons pas derrière le crédit, et assumons la monnaie. Ne nous écrions pas « C’est de la planche à billet ! » dès que l’argent venant jusque dans nos poches nous semble un peu trop issu des rotatives d’impression. N’ayons pas l’impression de perdre tout contrôle aussitôt qu’on reconnaît quelques évidences, comme le fait que c’est l’État qui crée la monnaie, et ce avec un potentiel illimité.

La forme du blog fut très pratique au début. Je ne voyais pas très bien ce qui posait problème dans le débat, car j’avais sortais des bibliothèques où j’avais mené beaucoup de recherche, et où ma vision s’était très fortement éloignée de l’atmosphère et de la vision communes. Je pouvais lancer un billet, voir les réactions, réajuster mon propos. Cela m’a aussi inciter à compléter mes recherches sur des points qui, après discussions n’étaient pas encore tout à fait clair (je pense notamment à l’euro). Les discussions étaient sympathiques, mais petit à petit, je me suis mis à buter de plus en plus sur les limites du blog. D’abord, une logique de régularité m’a amené à mélanger aligner les billets, à faire de ce blog une quotidienne, et cela parfois au dépens de la qualité. C’est particulièrement vrai de l’orthographe, où j’ai souvent fait une relecture qu’après avoir publié le billet, et encore. Au pire, on ajoute un post-scriptum, si l’analyse elle-même était trop rapide. Comme le blog est une lecture éclatée, où chacun lit un billet, s’il en a envie, éventuellement d’autres, rarement tous ceux qui sont clés. J’ai du coup entièrement refondu Les Bases, par exemple, pour avoir tout en une page, mais du coup une page beaucoup trop longue par rapport à la longueur normale d’un billet de blog. Finalement, j’aimerais reposter ici un commentaire qui était la conclusion à laquelle j’étais moi-même parvenu :

Merci. N’avez vous pas pensé à rassembler votre travail dans un ouvrage, un peu sur le modèle de ce qu’a fait Berruyer (et sans les erreurs commisses sur les taux courts) ? L’approche analytique que vous défendez est très méconnue en France.

Il se trouve justement que j’ai commencé la rédaction de cet ouvrage, et que c’est un travail colossal. J’ai encore accru mes recherches pour avoir des sources de première main sur les questions que je traite et j’ai lu States Theory of Money de Knapp plutôt que seulement ce qu’en disent les néochartalistes, je viens tout juste de lire une palanquée d’ouvrages par Milton Friedman pour écrire la partie le concernant, etc. Je passe aussi un temps considérable à chercher des données pour illustrer en graphique ce que j’avance lorsque c’est utile, et je continue à travailler le style de mes graphiques (on peut voir un exemplaire de ce travail sur le billet précédent). Enfin, le soin prend du temps : cette fois-ci, pas de mise-à-jour en ligne possible ni de post-scriptum ou de billet suite. J’approche la moitié de l’effort. Mais je préfère ne pas donner de date de publication : ça sortira « quand ce sera prêt ». Côté éditeur ça se présente très bien : le livre m’a été commandé, plutôt que je n’en ai pris l’initiative.

À mesure que j’ai commencé à me plonger dans l’écriture du livre, j’ai délaissé le blog. Il faut dire aussi que la chronique de l’échec annoncé de l’austérité finit par être d’un suspens très lassant. J’essaierai néanmoins d’assurer un billet par semaine minimum à l’avenir, mais je ne pourrai pas reprendre le rythme d’une quotidienne comme je le fis pendant des mois. Le livre est prioritaire. Cela signifie aussi que le billet sera très certainement haut de gamme, et qu’il me permettra de partager l’avancement de mes travaux, plutôt que de traiter un sujet complètement parallèle.

À bientôt,

JBB

7 Commentaires

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7 réponses à “Un gros travail

  1. Bon courage.

    My 2 cents:
    Je pense que le succès du livre dépendra largement de son accessibilité.
    Plus que la discretion du néochartalisme dans le débat français, c’est le manque de connaissances de base des lecteurs (dont moi-même) ainsi que les mécanismes et le jargon propres à la monnaie qui complexifient le sujet.

  2. Windofchange

    Bonjour,

    Très heureux de voir que mon post a un peu contribué à vous lancer dans le piège de l’écriture ;-)… Votre blog est salutaire et me fait un peu penser à l’effet de nouveauté produit par la lecture de travaux comme ceux de Richard Koo, malheureusement peu traduit en France : vous participez à la défossilisation de la pensée économique. Traiterez vous de l’action des Etats sur le marché secondaire (cf. « Une intox à jet continu ») ? Il me semble que cette question est centrale mais difficile à traiter de manière didactique. Bon courage, en tout cas.

  3. Tu fais du bon boulot JB, tu mériterais bien un revenu de base pour ça ;)

    Bonne continuation et bon courage pour le bouquin !

  4. Bon courage pour ton livre.

    Sinon, aujourd’hui, c’est la conférence de presse de François Hollande.

    Lors de sa conférence de presse, François Hollande devra donner le chiffre exact de la facture grecque pour les contribuables français.

    Lors de sa conférence de presse, François Hollande devra dire aux Français combien de dizaines de milliards d’euros ils vont devoir payer pour le deuxième défaut de paiement de la Grèce.

    Mardi 7 août 2012 :

    France : le Parlement s’inquiète de l’accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d’euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière.

    Vendredi 2 novembre 2012 :

    Or le niveau de la dette grecque n’est pas viable et l’hypothèse d’arriver à un taux d’endettement de 120 % du PIB en 2020 ne semble pas atteignable. Dans son projet de budget, le gouvernement estime le niveau de la dette à 189 % pour 2013 et à 220,4 % pour 2016.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/11/02/la-cour-des-comptes-grecque-juge-anticonstitutionnelles-des-coupes-dans-les-retraites_1784785_3234.html

    Dette publique de la Grèce :

    2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d’euros de dettes.

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

  5. joli travail !
    bruno frandemiche

  6. ot

    Bravo pour ce travail soutenu.

    Une proposition proche du chartalisme ici, me semble t il :
    http://www.gestionsuisse.com/2012/la-danse-de-leuro/comment-page-1/#comment-452

    C’est un keynésien, quelle est la différence entre les keynésiens et les chartalistes, selon vous ? Question d’un béotien en économie, mais qui se soigne…

  7. I just followed the link to the space needle pics from BoBiniongg – but wow! This is the coolest blog I’ve ever seen! I’ll defintely be checking back – keep up the awesome work! :D

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