Euthanasier la dette publique

Comme toutes les grandes institutions sont à l’heure actuelle en train d’évaluer divers plan de sortie de l’euro, voici ma petite contribution pour contrôler la dette publique.

En effet, libellée dans une monnaie devenue étrangère, la dette publique a l’immense inconvénient de ne pas pouvoir être garantie par l’émetteur souverain de la monnaie, puisque l’État n’est pas l’émetteur de la dite monnaie.

Voici une solution simple pour ne faire perdre aucun centime à qui que ce soit, sans avoir de risque de change pour l’État : le jour-J, jour du changement de monnaie, l’État euthanasie toute ses dettes en euro en stipulant aux détenteurs que ces dettes ne sont plus recevables que comme moyen de paiement à valeurs faciale auprès de son Trésor public, et à la même parité que pour le change de la nouvelle monnaie (typiquement 1 euro = 1 franc pour le cas de la France).

Les banques n’ont en définitive rien de mieux à faire avec la monnaie souveraine que de disposer pour le compte de leurs clients d’un moyen de payer ses taxes à l’État, et ce n’est qu’ensuite que l’acceptation fait boule de neige et que les banques se mettent à s’échanger entre elles cette monnaie, et les particuliers aussi. Donc ils ne perdent rien. En revanche, l’État perd toute incertitude sur la possibilité de financer ou non le paiement de ces bons du trésor car il n’aura aucun euro à se procurer pour cela…

Notons bien qu’il n’est pas souhaitable que toute la dette publique disparaisse, car elle est utile à la banque centrale pour réguler les taux d’intérêt…

2 Commentaires

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2 réponses à “Euthanasier la dette publique

  1. Bonjour Monsieur

    Je découvre avec plaisir vos articles qui tendent à démolir l’épouvantail favori des banquiers et des financiers, (pour diaboliser la création monetaire par la Banque Centrale au profit de la collectivité qui émet et garantit la monnaie de base): le risque d’inflation !

    Vous montrez, de façon convaincante il me semble, que tant qu’il existe des capacités inemployées, la « planche à billets » (qu’il me semble préférable d’appeler « création monétaire par et pour la puissance publique »), peut et doit être utilisée pour satisfaire des besoins non satisfaits… sans qu’on ait à redouter une période de forte inflation.
    Ceci pouvant être accompli en faisant de l’Etat, ainsi que vous le proposez, un… (mauvais) Employeur en Dernier Ressort !

    En dépit de la sympathie que m’inspire votre slogan: « Pour se libérer du tabou de la planche à billets. », je formule quelques objections que ne manqueront pas de soulever ceux à qui profite l’illusion que… « l’argent doit bien venir de quelque part » !

    – L’adéquation « Profils Postes » ou – ce qui revient au même – l’adéquation entre Besoins non satisfaits et Ressource inemployées ? Comment éviter que l »argent distribué par l’Etat ne se porte sur des produits chinois plutot que sur du « Made in France »?
    De meme, comment garantir que ces chomeurs que l’Etat embauche, (au Smic…), aient les competences requises pour les emplois publics qu’ils occupent ? (A moins de les payer pour confectionner des cocottes en papier ? Auquel cas, d’ailleurs… la formule du Revenu d’Existence – revenu sans contrepartie en heures de travail – devrait aussi etre considerée, il me semble, en complement de « l’Etat EDR » ?)

    – dans la proposition du 14 decembre « Euthanasier la dette », je comprends que vous appliquez le principe: « La dette de la République Française est libelle’e en monnaie de la République Francaise: en Francs hier… en Euro aujourd’hui… et en « Francs 2013″… demain ! (Ceci pour faire justice de l’argument lamentable du pouvoir actuel: « En quittant l’Euro, la part de la dette detenue par des non residents (~66%), risque de doubler ! »)

    Cependant, il reste la question du déséquilibre de notre commerce extérieur, de l’ordre de 60 milliards/an ces temps-ci. Même si le cours de l’or en $ a eté multiplie par ~50 depuis le « Nixon shock »… les 2500 tonnes d’or qui nous restent (celles que le ministre de l’économie Sarkozy… n’a pas bradées il y a ~7 ans), représentent moins de 3 ans de déficit extérieur ? (au rythme actuel…)

    Votre « euthanasie de la dette » suppose donc, j’imagine, le rétablissement de contrôle aux frontieres avec droits de douanes et contrôle des changes ? Cela ne me derange pas; je souhaite juste savoir si c’est bien ainsi que vous traitez cet argument habituel des adversaires de… « la planche à billets » ?

    Bien cordialement,

    R Z

  2. Comment éviter que l”argent distribué par l’Etat ne se porte sur des produits chinois plutot que sur du “Made in France”? (…) Votre “euthanasie de la dette” suppose donc, j’imagine, le rétablissement de contrôle aux frontieres avec droits de douanes et contrôle des changes ? Cela ne me derange pas; je souhaite juste savoir si c’est bien ainsi que vous traitez cet argument habituel des adversaires de… “la planche à billets” ?

    D’une part, tout le déficit public n’ira pas entièrement aux produits étrangers, et ces étrangers auront inéluctablement mieux à faire que de placer cet argent en bons du Trésor et de se l’échanger entre eux, ils se mettront à acheter français et le déficit public inéluctablement aura atteint son objectif. D’autre part, on n’est pas obligé de laisser l’État revenir sur la question monétaire tout en le maintenant éloigné de la question du commerce extérieur. Personnellement, je suis favorable à la protection commerciale (rebaptisé protectionnisme par les libéraux au XIXème siècle), mais la plupart des néochartalistes s’en tiennent à un vague juste échange… Le contrôle des capitaux fait partie de la protection commerciale.

    De meme, comment garantir que ces chomeurs que l’Etat embauche, (au Smic…), aient les competences requises pour les emplois publics qu’ils occupent ?

    Ce sont ceux qui sont les plus faibles qui auront le plus besoin de l’EDR, donc les postes proposés seront pour la plupart à faible qualification requise, comme le terrassement de la rénovation d’un bâtiment historique… On peut aussi imaginer un peu de formation, voire de l’alternance EDR : mi-temps employé chez l’EDR, mi-temps en formation plus avancée, etc. On peut encore imaginer que des projets requérant certaines compétences trop peu disponibles seront complétés par des emplois normaux pour ces cas spécifiques, avec le reste du projet fonctionnant avec des employés EDR. Je vous laisse imaginer la suite, un vrai petit bonheur pour technocrate en mal de projet enthousiasmant. ;)

    Cependant, il reste la question du déséquilibre de notre commerce extérieur, de l’ordre de 60 milliards/an ces temps-ci. Même si le cours de l’or en $ a eté multiplie par ~50 depuis le “Nixon shock”… les 2500 tonnes d’or qui nous restent (celles que le ministre de l’économie Sarkozy… n’a pas bradées il y a ~7 ans), représentent moins de 3 ans de déficit extérieur ? (au rythme actuel…)

    L’État finance l’étranger comme n’importe quel utilisateur de sa monnaie souveraine, exactement de la même manière que son propre secteur privé. Il crédite pour payer, il débite pour taxer. Fin. Aucun or requis pour cela…

    Si je porte un peu en étendard l’expression « planche à billets », c’est parce que c’est un psittacisme d’invocation de tabou qui est asséné pour intimider l’interlocuteur, qui est censé être son vilain secret. En retournant la rhétorique ainsi, je le brise, ce tabou : il n’est pas possible de dire que je biaise ou que je n’ai pas compris que je me fais des illusions parce que j’en appelle à la pure création monétaire souveraine, mes interlocuteurs sont forcés de remettre en cause leurs préjugés quant à la planche à billet.

    Merci beaucoup pour vos compliments :)

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