Sarkozy : « Je ne conduirai pas une politique d’austérité »

On l’a oublié, mais Nicolas Sarkozy avait promis entre autre dans son discours de Toulon en 2008, face à la crise, de ne pas se lancer dans une politique d’austérité. Florilège de paroles en l’air mais que tout le monde n’oubliera pas :

L’économie de marché, ce n’est pas la loi de la jungle, ce n’est pas des profits exorbitants pour quelques uns et des sacrifices pour tous les autres … Le capitalisme ce n’est pas la prime donnée au spéculateur, c’est la primauté donnée à l’entrepreneur, le capitalisme c’est la récompense du travail, de l’effort et de l’initiative. … Ne rien faire, ne rien changer, se contenter de mettre toutes les pertes à la charge du contribuable et faire comme s’il ne s’était rien passé serait également une erreur … L’autorégulation pour régler tous les problèmes, c’est fini (sourire), le marché tout-puissant qui a toujours raison, c’est fini … Les responsables de ce naufrage doivent être sanctionnés, au moins financièrement. L’impunité serait immorale. On ne peut pas se contenter de faire payer les actionnaires, les clients, les salariés, les contribuables, en exonérant les principaux responsables. Personne ne pourrait accepter ce qui serait ni plus ni moins qu’une injustice de grande ampleur. … La concurrence n’est à mes yeux qu’un moyen et non une fin en soi. … Mais là aussi je vous dois la vérité : dans la situation où se trouve l’économie, je ne conduirai pas une politique d’austérité, parce que l’austérité aggraverait la récession. … J’ai la certitude que nous pouvons réussir à refonder le capitalisme.

Depuis, la reprise ne s’est jamais installé qu’il est devenu le président de l’austérité, ainsi que l’un des candidats de l’austérité pour le prochain quinquennat. Pour sa défense, et à l’instar de nos « élites », Nicolas Sarkozy ne comprend pas que le déficit budgétaire renflouant le secteur privé en cas de récession est le même qui finance la croissance (Ce qu’avait facilement conclu Abba Lerner dès l’après-guerre), ce qui pourtant devrait être assez évident car on ne peut pas concevoir l’un sans l’autre, mais cette illusion de la contrainte budgétaire, de l’État devant équilibrer ses comptes sur le long terme, le pousse à croire qu’un déficit ne peut-être qu’occasionnel, donc réservé aux périodes de crises. Cette illusion est pourtant éventée par des noms aussi prestigieux que le Nobel d’économie Paul Samuelson, ou aussi historiquement fausse que le montre L. R. Wray (seconde partie du billet).

L’exercice est assez cruel, lorsqu’on songe aux actions, ou plutôt aux inactions qui ont suivi, un vide si intense que toute les stratégies de communication possibles ne parviennent pas à le masquer.

Discours de Toulon de Nicolas Sarkozy le 25 septembre 2008 (vidéo Flash). Les extraits cités sont situés respectivement à 7:40, 8:00, 9:15, 10:50, 14:15, 21:00, 29:55, 44:30.

5 Commentaires

Classé dans Paroles Tenues

5 réponses à “Sarkozy : « Je ne conduirai pas une politique d’austérité »

  1. Pingback: Quand l’équilibre du budget public n’était évidemment qu’un préjugé « Frapper monnaie

  2. Pingback: Au programme : Nicolas Sarkozy « Frapper monnaie

  3. postjorion

    Le déficit budgétaire ? Déjà inclus plus de 50 milliards d’intérêts de la dette …

  4. En plus ! Mais, si plus encore, il cherche à équilibrer le budget tout en remboursant la dette, cela signifie en clair pour l’économie financière, l’obligation de tailler dans ses économies pour payer les impôts, et l’endettement auprès des banques comme seul moyen de récupérer (temporairement et avec intérêts) les sommes ainsi déplacées vers les banques…

  5. postjorion

    Tout à fait d’accord… seule solution pour se sortir du piège dette OU recession: la monétisation !

Commenter

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s